mercredi 21 décembre 2011

Chapitre 17

Ce même jour, après s’être bien décrassé, remis à neuf, Shtamingo sortit faire une petite vadrouille (à ne pas confondre avec la Grande !) avec l’idée bien arrêtée de profiter de cette belle journée de sirocco (en fait, on devrait plutôt dire journée de douzerocco, tant ça tapait ce jour-là). Mais laissons un moment notre ami Shtamingo à ses flâneries, pour voir ce qui se passe dans la petite école du village. Ce jour-là, les enfants s’étaient tous mis d’accord pour se venger de l’institutrice. Celle-ci les avait tous consignés, dimanche dernier, et ils avaient décidé d’un commun accord, de lui jouer un tour à leur façon. Ce matin-là, donc, avant l’arrivée de la maîtresse, l’élève de service désigné, se glissa subrepticement dans la salle de classe avec un pot de glue.. et en enduisit le siège, sur lequel, dans quelques instants, s’assiérait « M’dame l’institutrice » ! Bientôt la cloche tinta. Les enfants, plus pressés que d’ordinaire (et l’on comprend fort aisément pourquoi) se mirent en rang en un temps record, et dans un ordre parfait. L’institutrice, surprise mais ravie, ne chercha à en comprendre, ni le « pourquoi », ni le « comment », d’autant plus qu’elle avait prévu beaucoup de travail et qu’elle avait bien l’intention de respecter à la lettre, le plan établi.. Les heures s’écoulèrent rapidement, semblait- il à la maîtresse, qui n’avait jamais vu les gosses aussi sages !
Trop lentement, semblait-il aux enfants, qui attendaient impatiemment l’heure fatidique.. Soudain, la cloche sonna ! C’était la sortie ! L’heure de la vengeance avait sonné ! Et la cloche sonnait le glas de « M’dame l’institutrice ». Et tout à coup, ce fut le désastre :
« Bon, et bien vous pouvez ranger vos affaires ! » dit-elle, tout en se dressant brusquement, loin de se douter de ce qui l’attendait. Sa belle robe craqua de toutes parts, mais ne quitta pas la chaise à laquelle elle s’était déjà tellement attachée ! Or la belle brune n’avait pas jugé utile de mettre quoique ce soit sous sa robe, par cette chaude journée d’été. (Vous voyez le topo ? Si oui, bravo ! Si non, je vous plains de tout mon cœur, car le cinoche en vaut le coup de bésicle!). Ce qui fait que la belle enfant, aussi nue que notre mère Eve au Paradis terrestre, tortillait son corps sculptural dans tous les sens, en essayant de cacher, tantôt ceci, tantôt cela ; mais bien entendu, elle ne pouvait tout cacher en même temps !.. Et les gosses de s’en donner à cœur-joie ! Ah mes enfants, quelle vengeance !.. Ca au moins, c’était une bonne vengeance ! Se venger au revolver ! Vous parlez d’une bêtise (pas de Cambrai, naturellement !), et d’un manque total d’imagination !! Mais que devenait Shtamingo pendant ce temps-là ? Justement, ses pas l’avaient mené près de l’école, et, entendant cet éclat de rire général, il voulut connaître les raisons profondes de cette euphorie, et regarda par la fenêtre, intrigué. Diable ! L’institutrice, il la connaissait ! Il l’avait vue plus d’une fois, mais jamais dans cette tenue ! Sa généreuse poitrine aux petites pointes dorées, s’agitait nerveusement, sa croupe plantureuse semblait danser le tamouré, son mignon petit pubis…
« Par tous les tromblons de mon arrière-arrière bisaïeul » s’exclama Shtamingo, « pour une épidémie, c’est une épidémie ! Sûr ! Et une épidémie contagieuse qui plus est !.. Elle ! Elle aussi ! » continuait-il à marmonner en se triturant le menton (et les méninges, donc !) Et oui, elle aussi ! Elle aussi, comme toutes les autres avait un pubis soigneusement épilé ! Comme tout le reste du corps d’ailleurs ! Faut croire que c’était à la mode cette année-là ! Mais allez donc le dire à Shtamingo ! Shtamingo et la mode féminine…ça fait 2 !
Aphone, complètement éberlué, exquisement flagada, 1100% ahuri, délicieusement groggy, savoureusement « rabaploupsé », Shtamingo continuait à déambuler, sans trop savoir où il allait (ni à quel Saint se vouer, pour la raison bien simple qu’il n’y a pas de Saint Shtamingo !) Dame ! la petite maîtresse (pas la sienne, hélas !) twistait toujours devant ses yeux rêveusement nébuleux ! A force de s’être aussi souvent rincé les yeux, Shtamingo devait avoir certainement les globes oculaires les plus propres du Globe (terrestre s’entend, bien sûr)… « Hélas, hélas » chuchotait-il, « comme dirait Ménélas, nous sommes tous emmêlés dans la mélasse ! » Pauvre vieux Shtamingo ! Toutes ces érotico-visions l’avaient rendu complètement patraque !.. Soudain, une voix tonitruante et caverneuse le tira, sans ménagement, de ses douces pensées : « Ne prie pas, Shtamingo, tu pars pour l’enfer ! »
C’était Pancho Villalonga (à ne pas confondre avec son illustre homonyme José-Luis !)Comment ? Quel Pancho Villalonga ? Mais, le célèbre despérado mexicano, bien sûr !
« Allez, dégaine Shtamingo ! Montre- moi que tu es un homme ! »
« Mais, mais qu’est ce que je t’ai fait ? » demanda Shtamingo, sidéré.
« Tu as invité les frères Games à bouffer… Moi, tu m’as oublié ! »
« Mais j’pouvais pas savoir.. »
« Il fallait savoir !.. Et maintenant, Professeur Shtamingo, finie la conférence, dégaine ! »
Et les 2 adversaires, tout en se guettant minutieusement, se mirent à dessiner, lentement mais sûrement (chi va piano,va sano….qui va sano,va lontano….ma qui va forte,va….a la Morte !),un grand cercle sur le sol, en avançant et pivotant avec tant de rigueur et de précision, que l’on avait la très nette impression d’assister à la projection d’un film au ralenti….Soudain, un craquement sinistre se fit entendre ! Le ceinturon-holster de Shtamingo, déjà bien vieux, usé et rafistolé tant bien que mal avec du fil à coudre trop fin, avait cédé…Or, Enfer et Damnation !!!Horreur et Putréfaction !!!Or donc, disais-je, ce ceinturon servait en même temps de ceinture tout court !....Et le pantalon de Shtamingo, qui n’était donc plus retenu par quoi que ce soit, s’affala sur ses bottes autour de ses chevilles ! Pancho Villalonga, stupéfait, lorgnait ,incrédule, sur le mignon petit caleçon rose à petites fleurs bleues de Shtamingo et, brusquement le fou-rire le prit et le secoua tout entier. Il s’en tapait les cuisses de joie….Et c’est ainsi qu’il chopa le hoquet….Le hoquet devint suffocations….Mais malgré tout , le rire diabolique persistait et se mêlait aux suffocations….Suffocations devinrent halètements….Et soudain, Pancho crispa ses doigts autour de son cœur, essaya de dénouer son foulard, chancela, vacilla et s’écroula ,face contre terre, pour ne plus jamais se réveiller. Il venait d’être victime d’une crise cardiaque ! D’un Infarctus du Myocarde, si vous préférez !
---« Moi…je m’en tape equilatéralement…vu que pour moi, c’est du pareil au même !!!L’un ou l’autre….le résultat est le même !...Alors, moi, le baratin médico-littéraire, je me le…où vous pensez ! » monologuait Shtamingo, m’ayant entendu, je ne sais trop comment, sans avoir, un seul instant, songé à rectifier sa tenue, tel Marc-Antoine devant la dépouille mortelle de César….Quoi qu’il en soit, Shtamingo, une fois de plus, avait gagné !

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