mardi 26 juillet 2011

Chapitre 10

N’ayant plus rien à faire à Tombflower , les poches toujours vides, Shtamingo reprit la route, dès sa sortie du Sheriff’s-Office . Il se dit, qu’en attendant, il valait mieux regagner Jeep-City et voir avec Wyatt, s’il y avait moyen de regarnir ses fonds de poches. D’autre part, tout près de la ville se trouvait son Home, son sweet Home. Il n’en était plus guère éloigné que de quelques miles, quand il se vit soudain encerclé par Wild Bill Peackok et sa bande.
--« Alors, Shtamingo ? Comme on se retrouve, hein ? Le Monde est petit, pas vrai ? » lui lança à brûle-pourpoint le terrible Wild Bill Peackok. Puis, se tournant vers ses hommes, il leur ordonna :
--Voyez cette belle branche ? Elle conviendra parfaitement à notre ami Shtamingo, à qui nous devons tous le plaisir d’avoir agréablement apprécié la douceur des prisons de San-Muchacho ; allez vas , nous ne devons pas être des ingrats ! Nous devons bien au contraire le remercier !...Eh bien , qu’attendez-vous ? Préparez la corde et que ça saute ! »
--« La corde peut pas sauter, chef, c’est pas d’la dynamite ! »
--« Ferme- la , Andouille ! »
--« Oui, chef ! »

Shtamingo, voyant et entendant tout cela, s’exclama :
--« Caramba ! Ah non, pardon, c’est du mexicain ça !...Goddam ! »
--« Au lieu de faire de l’esprit, Môssieur Shtamingo, tu f’rais bien de dire une prière ! T’as un dernier souhait à formuler ? »
--« Oh, ben ouiche, alors !J’voudrais bien fumer le p’tit peu de tabac qui me reste avant de clamser ! »
--« Accordé d’avance ! »
--« Promis ? »
--« Promis ! »
--« Juré ? »
--« Juré ! »
--« Sur la Bible ? »
--« Sur la Bible ! »
Et comme Shtamingo était déjà prêt à être pendu, les mains liées derrière le dos , le nœud coulant passé autour du cou et son auguste popotin reposant sur la selle de son canasson ; comme d’autre part, Wild Bill Peackok était très pressé d’en finir, il demanda gentiment à Shtamingo où se trouvait son tabac.
--« Dans ma bicoque, sur ma table ! » répondit le condamné à mort. Alors, magnanime, Wild Bill Peackok enjoignit à l’un de ses gus d’aller chercher ce fameux « p’tit peu de tabac ». Tout le monde attendit avec impatience son retour ; même Shtamingo qui souriait angéliquement.
--« Il va crever et il est heureux ! » s’étonna Peackok. Mais il ne tarda pas à comprendre pourquoi. Le gus en question revenait, un très volumineux paquet soigneusement attaché sur la croupe de son fidèle coursier.
--« Qu’êqu’êqu’ça ? » tonna-t-il.
--« Euh…Ben…c’est l’p’tit peu de tabac , chef ! »
Les autres éclatèrent tous de rire.
--« SILENCE ! » clama encore Peackok furibond. Et le silence fût soudain , comme par enchantement.
--« Oui, chef. »
Le visage cramoisi de colère, les mâchoires serrées, Peackok tourna d’abord au rouge, puis au bleu, violet, indigo, jaune, vert, etc…. Bref, il ressemblait étonnamment à l’arc-en-ciel. Et soudain, il s’affaissa. Ses hommes se précipitèrent pour le soutenir et lui venir en aide :
--« ça va pas, chef ? qu’est-ce que vous avez ,chef ? Faut appeler le docteur ? »
Mais hélas, non, le « doctor » ne pouvait plus servir à rien à présent.
Est-il utile de dire que Shtamingo était loin déjà et qu’il n’avait pas attendu qu’on l’invite à déguerpir ; qu’il avait profité de la pagaille et du désarroi, emportant avec lui la corde qui devait l’emporter dans un monde meilleur ?...En quelque sorte….il avait la corde au cou !!!

vendredi 22 juillet 2011

Chapitre 9


Un quart- d’heure environ après avoir rencontré le vieux Mathew Mac Horse , Shtamingo se rendit compte qu’il ne possédait plus un seul radis en poche , voulant s’acheter quelques menues friandises , des sucettes tout particulièrement. Il raffolait, radicalement, des sucettes ! C’était un fait indiscutable ! Il décida alors de se rendre au Sheriff’s-Office, afin de voir si le sheriff Trumpett n’aurait pas une ou deux têtes sous la main, dont le prix lui permettrait de renflouer sérieusement ses économies. Bientôt , il pénétrait au bureau de Trumpett :

--« Bonjour Sheriff ! comment vont les affaires ? »
--« Très bien , très très bien, Monsieur .. ?
--« Shtamingo ! »
--Eh bien, Monsieur Shtamingo, ça va on ne peut mieux ! c’est le calme plat…..le calme le plus plat, le plus absolu……le plus total……Ah !....Si ça pouvait être toujours comme ça !......si ça pouvait seulement durer !!!..
--« Ah ?! »
--Ma foi, oui ! Rien…..Rien de rien…. Mais alors ce qui s’appelle vraiment rien ! »
--« Ah, ah ? »
--« Pourquoi, m’sieur Shtamingo ? On dirait que cela vous ennuie !!! Que puis-je faire pour vous être agréable ? »
--« Ma foi ! une ou deux têtes bien cotées auraient bien fait mon affaire !!! J’ai besoin de me remplumer, moi !!!Je suis à sec !!! Complètement fauché ! Encore plus fauché que les blés, tiens !....si vous voyez ce que je veux dire !... »
--« Hélas, mon pauvre Monsieur , comme je vous l’ai déjà dit, c’est le calme le plus plat….la morte saison, quoi ! Ah, je n’dis pas ; vous seriez venu il y a une semaine……j’aurais pu vous dépanner, mais à présent !!!.....dire qu’Old-Face the Kid est passé par là il y a tout juste sept jours…..ç ‘aurait été un véritable plaisir de vous rendre service , mais que diable puis-je faire, puisque je n’ai plus rien en ce moment ?..... »
Pendant toute la discussion entre Shtamingo et Trumpett , le vieux Mathew , le chapeau rabattu sur les yeux , les pieds sur la table de son bureau, un mégot incandescent aux lèvres , ronflait comme un soufflet de forge, la bouche ouverte. Des mouches, qui s’ y trouvaient certainement très bien , avaient résolu d’y élire domicile . Le mégot diminuait à vue d’œil , se consumait à une allure prodigieuse , et son bout rougeoyant se rapprochait dangereusement de la lèvre inférieure de Mathew, aussi pendante que si elle était de plomb ! ( est-ce vraiment utile de préciser que le mégot était collé à la lèvre inférieure de Mathew ? Si vous estimez que oui, écrivez-moi ; alors je le préciserai !). Soudain, un cri horrible , ressemblant à s’y méprendre à un cri de détresse, que dis-je à un cri d’agonie, résonna dans la quiétude et la torpeur du Scheriff’s-Office, glaçant ses occupants et les transperçant jusqu’à la moelle des os ( comme s’il pouvait y avoir une autre espèce de moelle que celle-là !). Le village entier l’avait entendu et s’était arrêté de respirer ! Le vieux Mathew venait de se brûler atrocement la lèvre, que vous connaissez ( comme vous l’avez certainement déjà deviné de vous-mêmes, à moins d’être complètement gâteux !), et s’était affalé par terre sous l’effet de la douleur ( et du réveil brutal, bien-sûr !), où , se contorsionnant comme un ver de terre, il gémissait à fendre l’âme !......

jeudi 21 juillet 2011

Chapitre 8

Peu de temps après, disons une demi-heure environ (pour ceux qui aiment les précisions mathématiques), Shtamingo, en cheminant tranquillement, la tête entourée de son foulard de cow-boy destiné à protéger sa dent malade, crois ale vieux Mathew Mac Horse (d’origine écossaise, comme on peut s’en rendre compte). Celui-ci avait la mine triste et les joues blêmes. Il n’était plus que l’ombre de lui-même.
« Que se passe-t-il, mon brave ? » l’apostropha Shtamingo, piqué par la curiosité.
« Ben, ma foi, aussi vrai que je suis Mathew Mac Horse, il m’arrive un grand malheur ! »
« Si grand que ça ?! »
« J’pense ben, ma jument Dolly est morte ce matin ! »
« De quoi donc ? »
« Ben j’suis vieux, j’a pas beaucoup de ronds, j’a pas toujours à bouffer, alors j’m’suis dit qu’y fallait faire des économies ! »
« Ah ? Ah ? »
« Ben oui, j’a essayé d’habituer Dolly à plus manger, et …elle y était déjà presqu’arrivée..Elle s’y faisait très bien.. Ah ça ! pour ça ! ben vrai M’sieur, qu’elle en avait déjà pris l’habitude ! Et v’là t-y pas qu’elle me fait le coup de mourir ! Quelle misère, M’sieur, quelle pitié !! Pour sûr, c’est un grand malheur ! Qui qu’c’est qui va me faire tout le boulot maintenant, hein ? Dites-moi, qui qu’c’est, Hein ?? »
« Ben vous ! Tiens ! »
« Moi ??Vous v’lez rire ? Avec mes rhumatismes et mes vieux os ? Allez ! Salut farceur ! A la prochaine ! »
« Ben, qu’est ce que vous allez faire alors ? »
« Ben pardi ! M’engager comme adjoint du sheriff Trumpett, quelle question ! Saviez pas qu’c’est une planque de tout repos, non ? »
Et il s’éloigna nonchalamment, laissant Shtamingo pétrifié de stupéfaction.

Au même moment, à Jeep City, le sheriff Wyatt Earl s’en retournait chez lui pour y chercher une affiche « WANTED » qui venait de lui parvenir et qu’il avait oubliée dans sa chambre, quand il se trouva face à face avec une dizaine de gaillards, sur les intentions desquels il était impossible de se méprendre, vues leurs mines patibulaires et le colt qu’ils tenaient en main .
L’un d’eux apostropha le représentant de la loi :
« Alors, sheriff, on se sent bien seul sans le grand Shtamingo, hein ? On peut plus se permettre de faire le malin, pas vrai ? Allez, vas-y, montre-nous que t’es le dur des durs ! » .Et tous de rire sarcastiquement à qui mieux- mieux . Alors, Wyatt rassembla tout son courage et, par la même occasion , tout l’air qu’il pouvait emmagasiner .Il inspira un grand coup (ce que les brigands prirent pour une manifestation de peur) et le grand coffre , qui lui servait de cage thoracique se souleva, se bomba et se gonfla jusqu’à craquer. Les bandits n’arrêtaient pas de rire. Et brusquement Wyatt expira, d’un seul coup, dans un grand souffle( à vous couper le votre !(sic !)) tout le contenu de son énorme thorax. Les hors-la-loi , sidérés ,virent leur pétoires s’envoler comme fétus de paille, emportés par un cyclone , doublé d’ un typhon, voire même d’un ouragan, digne des plus grandes tornades de tous les temps ! Pris de panique, ils firent aussitôt demi-tour et prirent la poudre d’escampette , fuyant, comme s’ils avaient le Diable au trousses, l’implacable trombe qui s’acharnait sur eux .Emportés comme grains de sable par ce tourbillon impitoyable, les fripouilles s’éparpillèrent aux quatre points cardinaux ( Nord –Sud-Est-Ouest, pour ceux qui adorent les points sur les i . Au fait, l’Ouest dans l’Ouest, c’est le fin du fin !!! N’êtes-vous pas de mon avis ?) . Jamais, au grand jamais, de mémoire d’homme, on n’avait vu une telle débandade !!!

jeudi 7 juillet 2011

Chapitre 7

..
Ce matin-là, Shtamingo prenait tranquillement son petit déjeuner au saloon de son hôtel, quand y pénétra un fermier, portant sur sa tête une volumineuse caisse remplie d’œufs à ras-bords. Shtamingo, qui ne faisait point attention à lui, allongea, en les croisant, ses longues jambes, pour être plus à l’aise. Juste à ce moment-là, le livreur passait tout près de lui et ce croc- en- jambes involontaire provoqua sa chute, ainsi que celle des œufs ! Une gigantesque omelette se forma aussitôt sur le plancher. Voulant réparer sa gaffe, Shtamingo se porta au secours du malheureux pour l’aider à se relever. Mais, ne prenant pas garde où il posait les pieds, il pataugea dans l’omelette, glissa, et s’affala sur le pauvre fermier qui tentait de se relever, et obtint ainsi exactement le contraire de ce qu’il désirait. La tête du malheureux livreur plongea brusquement dans l’omelette. Lorsqu’il réussit à s’en dépêtrer, il grommela :
« Mes œufs ! Mes pauvres œufs.. Qui va les payer maintenant ? Y a pas à dire, y en a qui n’ont jamais de veine ! Mais qu’est ce que j’ai fait au Bon Dieu, moi ? »
Et il quitta les lieux sans autre forme de procès et sans plus tarder.
Shtamingo le regarda partir et s’étonna :
« On lui offre un shampoing aux œufs nature et il râle ! Dire qu’il y en a qui ont tout pour être heureux et qui ne sont jamais contents ! »

Quelques instants plus tard, en sortant du saloon, Shtamingo aperçut un spectacle insolite mais fort amusant : Le pasteur sortait de la petite église, ayant sans doute à effectuer quelques achats au Général-Store, car il tenait un couffin et marchait d’un pas alerte et décidé. Quand soudain, il aperçut les jolies entraîneuses du saloon se diriger vers l’hôtel. Sa pudeur lui intima l’ordre de fermer les yeux, ce qu’il fit sans hésitation et …rencontra sur sa route, un poteau télégraphique ! « Aïe, aïe, aïe ! » s’exclama Shtamingo en s’empêchant de pouffer de rire. Quant au saint homme, il ne put retenir un sacré juron, mais se reprit aussitôt en se signant…

Peu de temps après, 5 minutes environ après que le pasteur se soit distingué, Shtamingo réalisa que la canicule était particulièrement coriace ce jour-là ! Un temps très lourd rendait l’atmosphère irrespirable. Un super sirocco soufflait sur la région et semblait vouloir s’incruster. Voulant plutôt de la fraîcheur, Shtamingo décida de regagner sa chambre d’ hôtel, sans plus tarder, et de s’y mettre à l’aise, afin de pouvoir mieux jouir de sa sieste. Une fois dans sa chambre, il ferma la porte à double tour, ouvrit toute grande la fenêtre, s’assit sur son lit et se déshabilla lentement, mais sûrement. Puis, nu comme un ver, il s’étendit sur sa couche et s’endormit, soupirant enfin d’aise ! Mais son sommeil fût très agité. Il se tournait et se retournait sans cesse, dans tous les sens, ne parvenant pas à trouver une position qui le satisfasse : tantôt sur le dos, tantôt sur le ventre ; tantôt à gauche et tantôt à droite ; tantôt sur un côté et tantôt sur l’autre ! A un moment même, il prit une position fort curieuse pour un homme : celle d’un chat, tapi devant le trou d’une souris et guettant sa proie, le derrière en l’air !.. La nuit tomba bien vite et s’écoula encore plus vite. Le jour nouveau irradia la chambre de Shtamingo de rayons de soleil tous frais (si on peut dire). Shtamingo ne rêvait plus et ses cauchemars semblaient l’avoir quitté. Tout à coup, la poignée de la porte tourna doucement, presqu’aussitôt accompagnée de coups frappés à la porte, mais la porte ne s’ouvrit pas et résista farouchement. Les coups alors redoublèrent et résonnèrent comme des gongs dans le crâne endolori du pauvre Shtamingo. Il entrouvrit péniblement les yeux et souleva, au prix d’efforts inhumains des paupières qui semblaient peser des tonnes. Il eut l’impression très nette que l’on essayait de forcer sa porte.
« Voilà, voilà, minute.. » cria-t-il ( ou plutôt pensa-t-il crier), mais en fait , ce qui pour lui était un cri, pour les autres ne sauraient être pour les autres qu’un faible gémissement ! Il se redressa alors, quitta son lit si bon et si douillet pour aller ouvrir. Il tourna la clé et ouvrit la porte toute grande. Un cri strident ( un vrai, celui-là) retentit alors dans tout l’hôtel. La femme d’étage, qui venait lui apporter son petit déjeuner, le voyant dans son plus simple appareil, avait lâché son plateau de saisissement et avait dévalé les escaliers 4 à 4. Devant la porte béante, sidéré, Shtamingo regardant tantôt son petit déjeuner fichu, tantôt les escaliers, s’exclamait : « Mais enfin.. quelle mouche l’a piquée ? On dirait qu’elle ne m’a jamais vu ! Et puis.. le petit déjeuner en fin d’après midi !! C’est bizarre ! »

mardi 5 juillet 2011

Chapitre 6

En arrivant à Tombflower, Shtamingo se rendit aussitôt chez le dentiste. Une folle rage de dents le tenaillait et ne lui laissait aucun répit. Peut-être est-ce l’averse subite de tantôt qui la lui avait généreusement octroyée ? Quoiqu’il en soit, il tenait à s’en débarrasser au plus vite !
« Asseyez-vous, mon ami » lui dit le dentiste. « Ouvrez la bouche »
Shtamingo s’exécuta. Alors le praticien saisit de grosses pinces et, inspectant soigneusement l’orifice buccal de son patient, y introduisit son instrument de torture, renferma d’un geste décidé les mâchoires de ses pinces autour d’une dent, et tira énergiquement. Shtamingo se rendit compte que le docteur ne s’en prenait pas à la bonne dent et voulut le lui dire, mais la douleur et cette pince l’en empêchaient : « Hummmmm.. Ah,â,â,â.. » gémissait-il lamentablement. Le dentiste, habitué aux cris de toutes sortes, pensait que ce n’était du qu’à la douleur, et voulant abréger les souffrances de son patient, tirait de toutes ses forces. « Euréka ! » s’écria-t-il enfin en brandissant victorieusement le fruit d’une longue et dure bataille. N’ayant que déjà trop souffert et ne voulant pour rien au monde regoûter aux affres d’une telle Odyssée, Shtamingo préféra se taire et garder la dent, qui faisait de lui un martyr, digne de ceux des premiers temps de la Chrétienté.
« Ca fait combien, Doc ? »
« 2 dollars et demi, mon ami ! »
Et quittant le cabinet dentaire, gémissant à fendre l’âme, l’infortuné Shtamingo s’exclamait : « Zut alors ! Maintenant, non seulement on vous arrache de bonnes dents, saines et solides sans vous demander votre avis, mais encore, par dessus le marché, vous devez casquer 2 dollars et demi ! Pour la peine ! Hem.. la peine ! Ah oui, parlons en de la peine !! Pas celle du dentiste en tout cas !.. 2 dollars et demi…DEUX DOLLARS ET DEMI !! » marmonnait-il tout en s’éloignant.

lundi 4 juillet 2011

Chapitre 5

CHAPITRE 5

A la gare de Jeep City, une demi-heure plus tard, le sheriff Wyatt Earl et Shtamingo attendaient le train, qui devait amener le redoutable Bob Sunbeam. Celui-ci avait juré d’avoir la peau de Shtamingo, parce qu’il avait été coffré par suite des innombrables gaffes de notre ami. Il s’était même donné la peine de télégraphier au sheriff Earl qu’il arrivait par le train de 11 h 57 ( à ne pas confondre avec celui de Agatha Christie, qui lui était celui de 16 h et ..quelques petites khémias !), et que Shtamingo n’avait qu’à bien se tenir ! Le sheriff en avisa aussitôt Shtamingo et tous 2 décidèrent d’aller accueillir Bob Sunbeam à la gare..
Sur le quai quasi désert, à part eux, seul un chat déambulait en miaulant d’ennui. Soudain, le sifflet se fit entendre, et bientôt le train entrait en gare et s’arrêtait. Les gens se hâtèrent d’en sortir et de s’en aller. Bob sortit bon dernier. Près de lui, 2 femmes d’un âge incertain et d’allure très puritaine, papotaient, tenant et brandissant leur parapluie. Bob souriait narquoisement en regardant le sheriff et Shtamingo… Ceux-ci se tenaient sur leur garde, prêts à dégainer. Soudain, prompt comme la foudre, Bob dégaina. Mais hélas ! la Nature faisant parfois le bonheur des uns et le malheur des autres, voulut qu’au même moment, une des mémères lève son bras ! Et le parapluie envoya dinguer le colt de Bob aux cent mille diables. Or le sheriff et Shtamingo avaient tiré dans le même laps de temps. Shtamingo, cette fois –ci, ne pouvait vraiment pas faire autrement. Ses 2 revolvers et celui du sheriff Earl, transformèrent Bob en passoire, voire même en écumoire ! Le redoutable Bob Sunbeam, très surpris, et déjà mort, s’écroula aux pieds des 2 dames patronnesses, qui, voyant n peu de sang sur leurs chaussures, ne purent s’empêcher de pousser des hauts cris d’indignation : « Oh, le cochon ! L’immonde vermine ! Nous faire ça à nous ! Venez ma chère, quittons ces lieux de perdition.. Non, mais vous vous rendez compte ! Quelle audace ! Quel manque d’éducation ! » Et trottinant à petits pas, pincées et dédaigneuses, elles passèrent près de nos 2 héros avec des « hem-hem » des plus méprisants.
Peu après, Shtamingo prenait congé du sheriff Wyatt Earl et quittait Jeep-City pour Tombflower. Alors qu’il galopait, sifflotant une vieille rengaine folklorique, il fut brusquement encerclé par le juge Roy Pumpkin, Doc Work et Old-Face the Kid. Ceux-ci, en riant à gorge déployée, le maitrisèrent avec leurs lassos, puis l’attachèrent à terre. Le soleil était au zénith et brûlait plus que jamais. « Tu ne tarderas pas à devenir aveugle, mon gars ! Ca t’apprendra à jouer les durs » lui dit Roy Pumpkin. Tous éclatèrent de rire de plus belle, se remirent à cheval et partirent au grand galop. Mais la Nature est souvent capricieuse et un très gros nuage gris vint presqu’aussitôt crever au dessus de Shtamingo. Les cordes, fort pourries, et la pluie aidant, cédèrent. Et bientôt, Shtamingo, galopant à bride abattue, rejoignit les bandits.
« Ta sueur t’a complètement transpercé, Shtamingo, on dirait que tu as pris une douche ! » lui lança Doc Work.
« Regarde ce beau canyon ! » lui proposa Old- Face the Kid ; et tous de rire comme des pendus.
« Bah ! J’ai perdu la vue, mon bien le plus précieux ! Suivez-moi, je vais vous montrer où j’ai planqué mon or ! » leur répondit Shtamingo.
Les fripouilles ne se le firent pas dire 2 fois. Et ils arrivèrent à une vieille masure que Shtamingo connaissait bien.
« C’est là ! » dit Shtamingo.
« Après tout, c’est un bon gars ! » conclut le juge Pumpkin en s’esclaffant. Et sur ce, ils pénétrèrent dans la bicoque. Le plancher, vermoulu et mangé par les termites, s’effondra, et ils disparurent dans une béante fosse à purin ; de fumier humain, qui plus est ! Shtamingo délia lestement une corde et une grosse dalle de marbre, en s’effondrant avec un bruit infernal, boucha hermétiquement l’orifice.
« Ainsi périsse dans de puants crottins, quiconque ose se trouver en travers de mon chemin. » déclara sentencieusement Shtamingo en souriant ironiquement.