jeudi 7 juillet 2011

Chapitre 7

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Ce matin-là, Shtamingo prenait tranquillement son petit déjeuner au saloon de son hôtel, quand y pénétra un fermier, portant sur sa tête une volumineuse caisse remplie d’œufs à ras-bords. Shtamingo, qui ne faisait point attention à lui, allongea, en les croisant, ses longues jambes, pour être plus à l’aise. Juste à ce moment-là, le livreur passait tout près de lui et ce croc- en- jambes involontaire provoqua sa chute, ainsi que celle des œufs ! Une gigantesque omelette se forma aussitôt sur le plancher. Voulant réparer sa gaffe, Shtamingo se porta au secours du malheureux pour l’aider à se relever. Mais, ne prenant pas garde où il posait les pieds, il pataugea dans l’omelette, glissa, et s’affala sur le pauvre fermier qui tentait de se relever, et obtint ainsi exactement le contraire de ce qu’il désirait. La tête du malheureux livreur plongea brusquement dans l’omelette. Lorsqu’il réussit à s’en dépêtrer, il grommela :
« Mes œufs ! Mes pauvres œufs.. Qui va les payer maintenant ? Y a pas à dire, y en a qui n’ont jamais de veine ! Mais qu’est ce que j’ai fait au Bon Dieu, moi ? »
Et il quitta les lieux sans autre forme de procès et sans plus tarder.
Shtamingo le regarda partir et s’étonna :
« On lui offre un shampoing aux œufs nature et il râle ! Dire qu’il y en a qui ont tout pour être heureux et qui ne sont jamais contents ! »

Quelques instants plus tard, en sortant du saloon, Shtamingo aperçut un spectacle insolite mais fort amusant : Le pasteur sortait de la petite église, ayant sans doute à effectuer quelques achats au Général-Store, car il tenait un couffin et marchait d’un pas alerte et décidé. Quand soudain, il aperçut les jolies entraîneuses du saloon se diriger vers l’hôtel. Sa pudeur lui intima l’ordre de fermer les yeux, ce qu’il fit sans hésitation et …rencontra sur sa route, un poteau télégraphique ! « Aïe, aïe, aïe ! » s’exclama Shtamingo en s’empêchant de pouffer de rire. Quant au saint homme, il ne put retenir un sacré juron, mais se reprit aussitôt en se signant…

Peu de temps après, 5 minutes environ après que le pasteur se soit distingué, Shtamingo réalisa que la canicule était particulièrement coriace ce jour-là ! Un temps très lourd rendait l’atmosphère irrespirable. Un super sirocco soufflait sur la région et semblait vouloir s’incruster. Voulant plutôt de la fraîcheur, Shtamingo décida de regagner sa chambre d’ hôtel, sans plus tarder, et de s’y mettre à l’aise, afin de pouvoir mieux jouir de sa sieste. Une fois dans sa chambre, il ferma la porte à double tour, ouvrit toute grande la fenêtre, s’assit sur son lit et se déshabilla lentement, mais sûrement. Puis, nu comme un ver, il s’étendit sur sa couche et s’endormit, soupirant enfin d’aise ! Mais son sommeil fût très agité. Il se tournait et se retournait sans cesse, dans tous les sens, ne parvenant pas à trouver une position qui le satisfasse : tantôt sur le dos, tantôt sur le ventre ; tantôt à gauche et tantôt à droite ; tantôt sur un côté et tantôt sur l’autre ! A un moment même, il prit une position fort curieuse pour un homme : celle d’un chat, tapi devant le trou d’une souris et guettant sa proie, le derrière en l’air !.. La nuit tomba bien vite et s’écoula encore plus vite. Le jour nouveau irradia la chambre de Shtamingo de rayons de soleil tous frais (si on peut dire). Shtamingo ne rêvait plus et ses cauchemars semblaient l’avoir quitté. Tout à coup, la poignée de la porte tourna doucement, presqu’aussitôt accompagnée de coups frappés à la porte, mais la porte ne s’ouvrit pas et résista farouchement. Les coups alors redoublèrent et résonnèrent comme des gongs dans le crâne endolori du pauvre Shtamingo. Il entrouvrit péniblement les yeux et souleva, au prix d’efforts inhumains des paupières qui semblaient peser des tonnes. Il eut l’impression très nette que l’on essayait de forcer sa porte.
« Voilà, voilà, minute.. » cria-t-il ( ou plutôt pensa-t-il crier), mais en fait , ce qui pour lui était un cri, pour les autres ne sauraient être pour les autres qu’un faible gémissement ! Il se redressa alors, quitta son lit si bon et si douillet pour aller ouvrir. Il tourna la clé et ouvrit la porte toute grande. Un cri strident ( un vrai, celui-là) retentit alors dans tout l’hôtel. La femme d’étage, qui venait lui apporter son petit déjeuner, le voyant dans son plus simple appareil, avait lâché son plateau de saisissement et avait dévalé les escaliers 4 à 4. Devant la porte béante, sidéré, Shtamingo regardant tantôt son petit déjeuner fichu, tantôt les escaliers, s’exclamait : « Mais enfin.. quelle mouche l’a piquée ? On dirait qu’elle ne m’a jamais vu ! Et puis.. le petit déjeuner en fin d’après midi !! C’est bizarre ! »

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