…
Un quart- d’heure environ après avoir rencontré le vieux Mathew Mac Horse , Shtamingo se rendit compte qu’il ne possédait plus un seul radis en poche , voulant s’acheter quelques menues friandises , des sucettes tout particulièrement. Il raffolait, radicalement, des sucettes ! C’était un fait indiscutable ! Il décida alors de se rendre au Sheriff’s-Office, afin de voir si le sheriff Trumpett n’aurait pas une ou deux têtes sous la main, dont le prix lui permettrait de renflouer sérieusement ses économies. Bientôt , il pénétrait au bureau de Trumpett :
--« Bonjour Sheriff ! comment vont les affaires ? »
--« Très bien , très très bien, Monsieur .. ?
--« Shtamingo ! »
--Eh bien, Monsieur Shtamingo, ça va on ne peut mieux ! c’est le calme plat…..le calme le plus plat, le plus absolu……le plus total……Ah !....Si ça pouvait être toujours comme ça !......si ça pouvait seulement durer !!!..
--« Ah ?! »
--Ma foi, oui ! Rien…..Rien de rien…. Mais alors ce qui s’appelle vraiment rien ! »
--« Ah, ah ? »
--« Pourquoi, m’sieur Shtamingo ? On dirait que cela vous ennuie !!! Que puis-je faire pour vous être agréable ? »
--« Ma foi ! une ou deux têtes bien cotées auraient bien fait mon affaire !!! J’ai besoin de me remplumer, moi !!!Je suis à sec !!! Complètement fauché ! Encore plus fauché que les blés, tiens !....si vous voyez ce que je veux dire !... »
--« Hélas, mon pauvre Monsieur , comme je vous l’ai déjà dit, c’est le calme le plus plat….la morte saison, quoi ! Ah, je n’dis pas ; vous seriez venu il y a une semaine……j’aurais pu vous dépanner, mais à présent !!!.....dire qu’Old-Face the Kid est passé par là il y a tout juste sept jours…..ç ‘aurait été un véritable plaisir de vous rendre service , mais que diable puis-je faire, puisque je n’ai plus rien en ce moment ?..... »
Pendant toute la discussion entre Shtamingo et Trumpett , le vieux Mathew , le chapeau rabattu sur les yeux , les pieds sur la table de son bureau, un mégot incandescent aux lèvres , ronflait comme un soufflet de forge, la bouche ouverte. Des mouches, qui s’ y trouvaient certainement très bien , avaient résolu d’y élire domicile . Le mégot diminuait à vue d’œil , se consumait à une allure prodigieuse , et son bout rougeoyant se rapprochait dangereusement de la lèvre inférieure de Mathew, aussi pendante que si elle était de plomb ! ( est-ce vraiment utile de préciser que le mégot était collé à la lèvre inférieure de Mathew ? Si vous estimez que oui, écrivez-moi ; alors je le préciserai !). Soudain, un cri horrible , ressemblant à s’y méprendre à un cri de détresse, que dis-je à un cri d’agonie, résonna dans la quiétude et la torpeur du Scheriff’s-Office, glaçant ses occupants et les transperçant jusqu’à la moelle des os ( comme s’il pouvait y avoir une autre espèce de moelle que celle-là !). Le village entier l’avait entendu et s’était arrêté de respirer ! Le vieux Mathew venait de se brûler atrocement la lèvre, que vous connaissez ( comme vous l’avez certainement déjà deviné de vous-mêmes, à moins d’être complètement gâteux !), et s’était affalé par terre sous l’effet de la douleur ( et du réveil brutal, bien-sûr !), où , se contorsionnant comme un ver de terre, il gémissait à fendre l’âme !......
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