mercredi 21 décembre 2011

Epilogue

Comment Shtamingo reçut cette tomate ? Qui la lui avait lancée ? On ne le sait pas …et on ne le saura probablement jamais !!!Il n’a rien voulu me confier à ce sujet, prétendant que c’était un petit détail sans importance aucune, quant à sa biographie ! Toutefois, il m’a chuchoté, entre quatre yeux, une étrange déclaration, que je vous rapporte ici fidèlement :
---« J’ai reçu une tomate en pleine poire, parce que j’ai filé une pêche à c’te citrouille ! Bon, on vous flanque une châtaigne et des marrons ! Qu’est-ce que vous faites ? Une courge gratifie votre pastèque d’un bel oignon au beurre noir, et vous ne réagissez pas ?! D’autant plus que c’t’aubergine l’aime pas du tout ma pomme, par dessus le marché ! Pour sucrer ses betteraves, faut pas mal de radis, à c’qu’on dit !!!...Et moi, je n’ai que des nèfles ! Bref , c’est pas encore le temps des cerises…. Alors , je m’suis dit comme ça, que si je semais quelques pêches, par-ci, par-là, peut-être ben que j’récolterais un bon stock de radis !... »
Et, après tout , avec Shtamingo…..sait-on jamais !!!

Chapitre 17

Ce même jour, après s’être bien décrassé, remis à neuf, Shtamingo sortit faire une petite vadrouille (à ne pas confondre avec la Grande !) avec l’idée bien arrêtée de profiter de cette belle journée de sirocco (en fait, on devrait plutôt dire journée de douzerocco, tant ça tapait ce jour-là). Mais laissons un moment notre ami Shtamingo à ses flâneries, pour voir ce qui se passe dans la petite école du village. Ce jour-là, les enfants s’étaient tous mis d’accord pour se venger de l’institutrice. Celle-ci les avait tous consignés, dimanche dernier, et ils avaient décidé d’un commun accord, de lui jouer un tour à leur façon. Ce matin-là, donc, avant l’arrivée de la maîtresse, l’élève de service désigné, se glissa subrepticement dans la salle de classe avec un pot de glue.. et en enduisit le siège, sur lequel, dans quelques instants, s’assiérait « M’dame l’institutrice » ! Bientôt la cloche tinta. Les enfants, plus pressés que d’ordinaire (et l’on comprend fort aisément pourquoi) se mirent en rang en un temps record, et dans un ordre parfait. L’institutrice, surprise mais ravie, ne chercha à en comprendre, ni le « pourquoi », ni le « comment », d’autant plus qu’elle avait prévu beaucoup de travail et qu’elle avait bien l’intention de respecter à la lettre, le plan établi.. Les heures s’écoulèrent rapidement, semblait- il à la maîtresse, qui n’avait jamais vu les gosses aussi sages !
Trop lentement, semblait-il aux enfants, qui attendaient impatiemment l’heure fatidique.. Soudain, la cloche sonna ! C’était la sortie ! L’heure de la vengeance avait sonné ! Et la cloche sonnait le glas de « M’dame l’institutrice ». Et tout à coup, ce fut le désastre :
« Bon, et bien vous pouvez ranger vos affaires ! » dit-elle, tout en se dressant brusquement, loin de se douter de ce qui l’attendait. Sa belle robe craqua de toutes parts, mais ne quitta pas la chaise à laquelle elle s’était déjà tellement attachée ! Or la belle brune n’avait pas jugé utile de mettre quoique ce soit sous sa robe, par cette chaude journée d’été. (Vous voyez le topo ? Si oui, bravo ! Si non, je vous plains de tout mon cœur, car le cinoche en vaut le coup de bésicle!). Ce qui fait que la belle enfant, aussi nue que notre mère Eve au Paradis terrestre, tortillait son corps sculptural dans tous les sens, en essayant de cacher, tantôt ceci, tantôt cela ; mais bien entendu, elle ne pouvait tout cacher en même temps !.. Et les gosses de s’en donner à cœur-joie ! Ah mes enfants, quelle vengeance !.. Ca au moins, c’était une bonne vengeance ! Se venger au revolver ! Vous parlez d’une bêtise (pas de Cambrai, naturellement !), et d’un manque total d’imagination !! Mais que devenait Shtamingo pendant ce temps-là ? Justement, ses pas l’avaient mené près de l’école, et, entendant cet éclat de rire général, il voulut connaître les raisons profondes de cette euphorie, et regarda par la fenêtre, intrigué. Diable ! L’institutrice, il la connaissait ! Il l’avait vue plus d’une fois, mais jamais dans cette tenue ! Sa généreuse poitrine aux petites pointes dorées, s’agitait nerveusement, sa croupe plantureuse semblait danser le tamouré, son mignon petit pubis…
« Par tous les tromblons de mon arrière-arrière bisaïeul » s’exclama Shtamingo, « pour une épidémie, c’est une épidémie ! Sûr ! Et une épidémie contagieuse qui plus est !.. Elle ! Elle aussi ! » continuait-il à marmonner en se triturant le menton (et les méninges, donc !) Et oui, elle aussi ! Elle aussi, comme toutes les autres avait un pubis soigneusement épilé ! Comme tout le reste du corps d’ailleurs ! Faut croire que c’était à la mode cette année-là ! Mais allez donc le dire à Shtamingo ! Shtamingo et la mode féminine…ça fait 2 !
Aphone, complètement éberlué, exquisement flagada, 1100% ahuri, délicieusement groggy, savoureusement « rabaploupsé », Shtamingo continuait à déambuler, sans trop savoir où il allait (ni à quel Saint se vouer, pour la raison bien simple qu’il n’y a pas de Saint Shtamingo !) Dame ! la petite maîtresse (pas la sienne, hélas !) twistait toujours devant ses yeux rêveusement nébuleux ! A force de s’être aussi souvent rincé les yeux, Shtamingo devait avoir certainement les globes oculaires les plus propres du Globe (terrestre s’entend, bien sûr)… « Hélas, hélas » chuchotait-il, « comme dirait Ménélas, nous sommes tous emmêlés dans la mélasse ! » Pauvre vieux Shtamingo ! Toutes ces érotico-visions l’avaient rendu complètement patraque !.. Soudain, une voix tonitruante et caverneuse le tira, sans ménagement, de ses douces pensées : « Ne prie pas, Shtamingo, tu pars pour l’enfer ! »
C’était Pancho Villalonga (à ne pas confondre avec son illustre homonyme José-Luis !)Comment ? Quel Pancho Villalonga ? Mais, le célèbre despérado mexicano, bien sûr !
« Allez, dégaine Shtamingo ! Montre- moi que tu es un homme ! »
« Mais, mais qu’est ce que je t’ai fait ? » demanda Shtamingo, sidéré.
« Tu as invité les frères Games à bouffer… Moi, tu m’as oublié ! »
« Mais j’pouvais pas savoir.. »
« Il fallait savoir !.. Et maintenant, Professeur Shtamingo, finie la conférence, dégaine ! »
Et les 2 adversaires, tout en se guettant minutieusement, se mirent à dessiner, lentement mais sûrement (chi va piano,va sano….qui va sano,va lontano….ma qui va forte,va….a la Morte !),un grand cercle sur le sol, en avançant et pivotant avec tant de rigueur et de précision, que l’on avait la très nette impression d’assister à la projection d’un film au ralenti….Soudain, un craquement sinistre se fit entendre ! Le ceinturon-holster de Shtamingo, déjà bien vieux, usé et rafistolé tant bien que mal avec du fil à coudre trop fin, avait cédé…Or, Enfer et Damnation !!!Horreur et Putréfaction !!!Or donc, disais-je, ce ceinturon servait en même temps de ceinture tout court !....Et le pantalon de Shtamingo, qui n’était donc plus retenu par quoi que ce soit, s’affala sur ses bottes autour de ses chevilles ! Pancho Villalonga, stupéfait, lorgnait ,incrédule, sur le mignon petit caleçon rose à petites fleurs bleues de Shtamingo et, brusquement le fou-rire le prit et le secoua tout entier. Il s’en tapait les cuisses de joie….Et c’est ainsi qu’il chopa le hoquet….Le hoquet devint suffocations….Mais malgré tout , le rire diabolique persistait et se mêlait aux suffocations….Suffocations devinrent halètements….Et soudain, Pancho crispa ses doigts autour de son cœur, essaya de dénouer son foulard, chancela, vacilla et s’écroula ,face contre terre, pour ne plus jamais se réveiller. Il venait d’être victime d’une crise cardiaque ! D’un Infarctus du Myocarde, si vous préférez !
---« Moi…je m’en tape equilatéralement…vu que pour moi, c’est du pareil au même !!!L’un ou l’autre….le résultat est le même !...Alors, moi, le baratin médico-littéraire, je me le…où vous pensez ! » monologuait Shtamingo, m’ayant entendu, je ne sais trop comment, sans avoir, un seul instant, songé à rectifier sa tenue, tel Marc-Antoine devant la dépouille mortelle de César….Quoi qu’il en soit, Shtamingo, une fois de plus, avait gagné !

vendredi 9 décembre 2011

Chapitre 16

Quelques jours après, Shtamingo, qui avait été rendre visite à sa mère-grand, s’en retournait à Jeep City en diligence. En face de lui, sur l’autre banquette, papotaient 2 femmes. L’une, très digne, très respectable, très « comme il faut » ; l’autre, présomptueuse et têtue, comme il n’est guère permis de l’être. Et avec ça, osseuse et squelettique à faire peur ! Le genre de laideur qu’on n’aimerait certes pas rencontrer près d’un cimetière par une nuit au clair de lune blafard ! Mais on voyait tout de suite qu’elle avait une très bonne opinion d’elle-même et se considérait comme le centre de l’Univers ! Et de quoi parlaient donc nos 2 dames ?Et bien, je vous le donne en mille ! Mais de la guerres de Sécession, bien sûr !
« Et moi, vous dis-je, elle a débuté le 13 Mai 1851, et s’est terminée le 5 Mars 1855 ; et Lee capitulait le 8 ! Vous pouvez me croire, va, je n’affirme quelque chose que lorsque j’en suis absolument certaine ! Si j’ai le moindre petit doute, je n’ouvre même pas la bouche. »
« Je vous assure, Madame, que vous vous trompez ! La guerre de Sécession a commencé le 12 Avril 1861 et s’est achevée le 6 Avril 1865 ; quant à Lee, il capitulait le 9 ! Vous pouvez aisément le vérifier en vous renseignant auprès d’un militaire. »
« Je n’ai pas besoin de faire une telle démarche, je sais ce que je dis ; et qui plus est, mon mari est officier ; c’est vous dire.. »
Shtamingo, dont le système nerveux avait été sérieusement ébranlé, et la patiente mise à rude épreuve par la prétentieuse beauté d’outre tombe, ne put se contenir davantage :
« Ce que dit cette dame est parfaitement exact : début des hostilité le 12 Avril 1861, fin de la guerre, le 6 Avril 1865. Capitulation de Lee, le 9. Je suis bien placé pour le savoir, j’en étais. Et comme sergent encore !! » (ça, c’est ce qu’on pourrait appeler un pieux mensonge de Shtamingo, car en fait, il ne fut jamais autre chose que 2ème pompe ; mais « sergent », ça faisait tellement mieux !). Suffoquée par la fureur qui l’étouffait, madame Trompe la Mort ouvrit et referma sa bouche plusieurs fois de suite, mais les mots ne passaient plus. On aurait dit un poisson qu’on vient de sortir de l’eau, et qui cherche à respirer. A ce moment, des cris, ressemblant à s’y tromper à des cris de coyottes, se firent entendre.
« Les Indiens ! » s’exclama Shtamingo.
« Jésus, Marie ! » s’écria la dame respectable en se signant.
Un cri ridicule et haut perché, semblable à un cri de souris, fut la seule manifestation de la vieille harpie. Baissant la vitre de la portière, Shtamingo commença à tirer sur les Indiens. Près du cocher, le convoyeur en faisait autant. Tout en tirant, Shtamingo remarqua que l’affreuse « Belle Hélène » avait près d’elle un gros paquet de bananes, et celui-ci fit germer en lui une idée de génie ( pas aux enzymes gloutons).. ça lui permettrait d’économiser ses provisions de munitions ! Il s’empara des dites bananes sans plus de façon, et, sans tenir compte du flot de protestations et de paroles peu amènes, qui jaillit spontanément du gosier de Miss Dracula, se mit à les éplucher, et à les balancer par la fenêtre, au petit bonheur la chance, épluchures et contenu ! La vieille harpie n’arrêtait pas de râler ! ( c’est vrai, j’avais oublié de vous dire, ou plutôt de vous signaler en passant, que son passe-temps favori, c’était de râler, précisément ! ) Les Indiens les poursuivaient toujours, mais ni leurs tomahawks, ni leurs flèches ne parvenaient jusqu’à la diligence. Et voilà que tout à coup, ils se mettent tous à s’étaler par terre ! Les uns après les autres ! Ou plutôt, ce sont leurs chevaux qui, glissant mystérieusement sur…allez donc savoir quoi … s’étalaient, les entraînant dans leur chute.
Quand soudain, l’un d’eux aperçut une peau de banane et, la montrant aux autres, déclara sentencieusement : « Hugh, ça, arme secrète des Visages-Pâles ! Eux, trop forts pour nous ! Grands guerriers Sioux, devoir tenir Grand Conseil ! Demi-tour, hugh, j’ai dit ! » (Comme vous avez déjà du le comprendre, c’était leur chef ! Mais, au cas où des « bombes à retardement »liraient mon livre..). Les voyant faire demi-tour, Shtamingo jubila et poussa un « Yeepie-yé » retentissant, qui fit sursauter les 2 dames. Mais cela n’empêcha guère Atropos de continuer à râler ! A l’entendre, on aurait pu penser que c’était à cause des bananes ! (je t’en ficherais des bananes !). En vérité, elle ne pouvait pas encore digérer d’avoir été percée à jour par Shtamingo et de s’être laissée moucher comme une collégienne, dépourvue d’imagination et d’esprit de répartie. Fatigué par l’effort fourni contre les Peaux-Rouges, las des interminables litanies de la mégère (non encore apprivoisée, hélas !), Shtamingo s’empara de la dernière banane ( une rescapée, si j’oses dire !) et sans l’éplucher, la fourra telle que dans la bouche béante de la vieille chipie, qui du coup, se tut. Pétrifiée de fureur, fulminante de colère contenue, elle frisait l’hémorragie cérébrale.. Et bientôt, la petite diligence de la Wells à Fargo arrivait à la station de Jeep City et s’arrêtait dans un nuage de poussière ! Shtamingo ouvrit aussitôt la portière, sauta lentement, et…s’enfonça dans une mare boueuse, jusqu’au chapeau !

mardi 6 décembre 2011

Chapitre 15

Installé au comptoir du saloon, Shtamingo sirotait rêveusement son whisky.Peut-être pensait-il encore à la petite « marquise » apprivoisée ? Soudain, les portillons grincèrent et des éperons cliquetèrent, tirant Shtamingo de ses douces « rêveries d’un cow-boy solitaire » (Bizarre ! mais ces derniers mots me rappellent obnibuleusement et nébuleusement quelque chose !...à vous, non ?). Un colosse de fermier, sentant le mouton à cent lieues à la ronde, s’accouda au comptoir et commanda :
« Un verre de lait, siouplaît »
Un dur de durs se mit à rire de bon cœur.. et s’affala de tout son long sur le plancher, foudroyé par un magistral uppercut. Il n’eut guère le temps de comprendre ce qui lui arrivait ! Un autre outlaw qui était en train de se marrer comme un demeuré, s’arrêta net, craignant le pire ! Dans son coin, Shtamingo souriait narquoisement. S’approchant du géant, il lui déclara tout de go :
« Tu pues le mouton, mec ! »
« Pourquoi ? Ca te dérange ? »
« Moi, au contraire !! J’adore ça : ça me change agréablement des vaches ! J’en ai ras le bol des vaches, moi » Et sur ce, il quitta le saloon, laissant le mastodonte pachydermique maximumement éberlué !

Shtamingo était sur le point de se coucher. Voulant allumer sa dernière cigarette de la journée, il s’aperçut soudain, qu’il n’avait plus de feu. Il n’eut pas l’idée de se servir de la lampe à pétrole et décida d’aller en demander à son voisin de palier. Toc !Toc !Toc !
« Il y a quelqu’un ? »
« Ouais bien sûr, y a personne ! »
« Hein, quoi ? Vous vous foutez de moi, oui ? »
« Non pas du tout ! Je m’appelle Personne, c’est mon nom »
« Ah bon ! Je peux entrer ? »
« Mais bien sûr, voyons ! Tout le monde est bienvenu chez Personne ! »

Le lendemain, tandis que Personne sortait de l’hôtel, il aperçut Shtamingo, assis sur les marches, la tête dans les mains. Shtamingo, à le voir, semblait très morose. Personne l’apostropha :
« Que diable Shtamingo, pourquoi cet air triste ? Le soleil brille pour tout le monde ! Quelque chose qui ne tourne pas rond ? »
« C’est ce maudit fric ! Les 5000 $ de Tom Wooley…envolés ! Pour arriver, il en met du temps, mais pour s’envoler !! Pfuitt.. C’est une autre histoire ! »
« Allez ! Cessez de vous ronger les sangs, ça s’arrangera, vous verrez ! Et puis, c’est très mauvais pour la santé de se laisser aller comme ça, à gamberger tout l’temps ! »
« Vos désordres sont des sirs, Sir ! .. euh, pardon.. Je voulais dire :vos désirs sont des ordres, Sir »
« Pas Sir, Mister ! Depuis l’indépendance, nous ne disons plus « Sir » V’zêtes pas au courant ? »
« C’est vrai, vous avez raison, Sir.. euh, pardon ! Mister »
« Sans compter que vous pouvez mourir d’une embolie, d’une tumeur au cerveau, d’une congestion cérébrale.. »
« Ben ça ! Ca me rendrait plutôt service ! Plus besoin de fric, plus besoin de place, plus de problème, quoi ! »
« Ca, pour sûr ! »
« Bien sûr, que c’est sûr ! Quand on est mort.. on est mort ! Un point, c’est tout ! Aïe ! et non, merde, c’est pas tout ! »
« Hein ? Comment ça ? Que voulez vous dire ? »
« Même mort, on me trouvera une place ! »
« Quoi ? » s’exclama Personne, perplexe, n’en croyant pas ses oreilles !
« Ben tiens ! C’est évident.. Ma p’tite place au cimetière, pardi ! Sans parler de celle qu’on me fera au Paradis ! »
« Ah oui ! Et si vous alliez en enfer ? »
« Bah, sait-on jamais ?.. De toute façon, ça m’fera 2 places en étant mort ! Tandis que vivant, je suis chômeur ! »
Et saluant Personne, après s’être péniblement levé, il s’éloigna vers le centre ville, laissant le pauvre Mister Nobody, cloué sur place, sidéré…

Chapitre 14

Dans la petite école du village, la classe venait de prendre fin. Les enfants s’en retournaient chez eux, la maîtresse leur ayant bien recommandé de bien réviser les tables de multiplication avant de passer aux problèmes. C’était la classe des jeunes de 13 à 14 ans, mais il y avait bien sûr quelques retardataires frisant aisément la vingtaine, comme partout ailleurs à travers le vaste monde. Tous les enfants de cette classe étaient sympathiques, quoique turbulents. Mais, n’est ce pas là le trait essentiel de la plupart des jeunes ? Parmi eux, cependant, et comme en tout temps, en tout pays, il y avait une brebis galeuse. C’était une fillette de 13 ans, fille de gros bourgeois de Jeep City, qui se croyait tout permis ! Une vraie enfant gâtée, dans le sens le plus profond du terme ! En classe, elle jouait à la petite marquise avec un plaisir malsain évident. Son but unique était d’épater ses copines et de faire enrager les garçons. Elle était non seulement capricieuse, mais aussi prétentieuse et dédaigneuse. Aussi, ce jour-là, la coupe trop pleine ayant débordée, ou si vous préférez, la « marquise » ayant forcé la dose plus qu’ à l’accoutumée, les garçons se réunirent, tinrent conseil et décidèrent de prendre des mesures énergiques ! Comment ? Mais parbleu, en donnant à cette petite péronnelle, à cette petite mijaurée, la leçon qu’elle méritait ! De quelle façon ? Mais en faisant sombrer dans le ridicule toute sa Superbe de petite bourgeoise écervelée, bien-sûr ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! Ils connaissaient tous le chemin qu’elle empruntait pour rentrer chez elle, et tels des Sioux sur le sentier de la guerre, ils prirent les devants. Bien camouflés dans les buissons, persuadés en leur for intérieur que chacun d’eux occupait le poste stratégique le plus important, ils attendirent avec la patience des Tartares. Et, bientôt, « Madame la Marquise » apparut ! Ils la laissèrent s’approcher, et lorsqu’elle fut tout près, ils jaillirent tels des diables et l’encerclèrent. Surprise, elle poussa un hurlement strident, puis, tandis qu’ils ricanaient, elle se reprit et leur dit en minaudant :
« Ne m’approchez pas, mécréants, ne me touchez pas, je vous l’interdis formellement, vous entendez ? Ne me touchez pas, ou mon père vous fera tous renvoyer ! »
Ce disant, elle reculait et jetait de tous côtés des regards désespérés, en essayant de voir dans le cercle compact qui l’emprisonnait, une faille qui lui permettrait de fuir. Mais point de faille ! Et le cercle menaçant se resserrait de plus en plus. Et brusquement, elle sentit 2 étaux d’acier se refermer autour de ses poignets. Deux autres immobilisèrent ses chevilles. Et, un à un, ses vêtements l’abandonnèrent. Les garçons, excités par ce qu’ils découvraient au fur et à mesure, redoublaient de zèle, tout en riant à qui mieux-mieux. Enfin, la « Marquise » se retrouva intégralement nue. Inutile de dire qu’elle se débattait tant qu’elle pouvait et criait à tue-tête.
« Crie, ma belle, crie..ici tu peux crier tant que tu voudras, gueuler tout ton saoul, t’égosiller jusqu’à en devenir aphone ; personne ne t’entendra ! » lui déclara ironiquement et cyniquement l’aîné des garçons. Ils admiraient tous sa jeune beauté, mais ne le montraient pas. Bien au contraire, ils la malmenaient comme si elle était la dernière des mochetés. Et pourtant, son jeune corps de pucelle resplendissait de beauté ! Pas même l’ombre d’un duvet sur cette anatomie déjà sculpturale, malgré son jeune âge ! Ses petits seins naissants, fermes et durs comme de l’ivoire, aux adorables petits tétons de couleur brune, dardaient fièrement leurs pointes arrogantes, comme pour défier les garçons ! Ceux-ci d’ailleurs, relevèrent le défi, et chacun la palpa, la tritura, la caressa, la pinça tant et plus, l’embrassa ici et là ! Des larmes d’humiliation dégoulinaient sur ses joues, mais elle s’obstinait tout de même à jouer les Pompadour !
« Tout cela vous coûtera très cher, malotrus, bandits. Vous pouvez en être sûrs ! »
« Qu’est- ce que c’est que ce cirque ? » demanda soudain une voix, qui fit sursauter les garnements. Ceux-ci se retournèrent, comme s’ils avaient été piqués par une vipère, puis apercevant Shtamingo, ils détalèrent tels des lièvres, en criant : « Shtamingo, c’est Shtamingo ! »
Resté seul avec la jeune victime, Shtamingo, perplexe, regarda les habits épars et le belle enfant, et s’approchant, lui demanda :
« Mais que diable vous est –il arrivé ? »
« Ne m’approchez pas, ne me touchez pas….je vous défends.. »
Mais Shtamingo l’interrompit : « Très bien, très bien, puisque c’est ainsi que vous remerciez votre sauveur.. ». Il se baissa sans mot dire, ramassa les habits épars, puis fit mine de s’en aller. Et son jeu réussit pleinement. La « marquise » le supplia, brusquement implorante et soumise :
« Non Monsieur, je vous en prie, ne faites pas cela ! Je vous demande pardon.. Mais ces voyous m’ont tellement maltraitée.. Je n’ai pas voulu vous offenser.. C’est.. »
Shtamingo lui coupa derechef la parole.
« C’est bon, c’est bon, là..Ne pleure plus, bébé » la consola Shtamingo en lui essuyant les larmes par de doux baisers. « Là, c’est fini maintenant ! » Puis il fourra les vêtements de la fille dans la grande sacoche de cuir qui était suspendue à la selle de son cheval, puis vint prendre la jeune fille repentante afin de l’installer sur son fidèle coursier. Il ne comprit jamais comment il s’y était pris pour la soulever dans ses bras puissants ( hem, oui, enfin ! Passons !), toutefois est-il que sa main gauche se trouva soutenir le mignon petit derrière juvénile, main gauche dont les doigts caressaient tendrement, voire machinalement, le joli petit trésor anatomique le plus intime de la fillette, pendant que sa main droite se refermait sur les splendides petits mamelons et les emprisonnait affectueusement. Soudain, Shtamingo se rendit compte qu’elle frissonnait de plaisir… La petite garce ! Shtamingo, lui aussi, éprouvait un sentiment étrange, mais non point désagréable. Mais se dominant, il s’obligea à reprendre son self-control et installa la donzelle sur l’échine de son canasson, puis promptement enfourcha sa monture, et, l’éperonnant énergiquement, cavala à bride abattue. Bientôt, ils ne furent qu’un point noir à l’ horizon.

jeudi 22 septembre 2011

Chapitre 13

Comme souvent la chance vous sourit au moment où vous vous y attendez le moins, Shtamingo fut interpellé par Wyatt Earl à l’instant même où il allait pénétrer dans son hôtel. Shtamingo, qui était au bord du désespoir, suivit docilement le sheriff, tout en se demandant ce que celui-ci pouvait bien lui vouloir. Quelle ne fut pas sa surprise, lorsque Wyatt, lui brandissant une affiche de recherche pour meurtres sous le nez, lui annonça triomphalement :
« Enfin, c’est venu ! Tiens, regarde, 5000 $ à la clé ! Un certain Tom Wooley, qui vient de bousiller un nordiste. C’t’abruti ne savait même pas qu’la guerre est finie. Alors, ça t’épate, hein ? Ca te la coupe ça ? pas vrai ? »
Shtamingo était littéralement rayonnant de joie :
« Masette ! Mes aïeux ! Et en plus, un gars que je connais ! Il était dans la même section que moi ! Quel putois ce zigue, quel coyotte puant ! Tuer pour lui était un véritable plaisir ! Fallait le voir à l’œuvre ! Et avec ça, il prenait le temps de reluquer le résultat de son bizness ! C’t’ordure ! Compte sur moi, Wyatt, tu pourras bientôt le mettre au frais. Well, now ! So long, old-boy ! »
Passant près du Général Store, il s’arrêta un instant, séduit par un vieux vagabond déguenillé qui fredonnait mélancoliquement une vieille rengaine folklorique : « Oh my darling Mandarine » s’interrompant de temps à autre pour porter à la bouche un flacon de scotch à moitié vide. Il sourit à ce spectacle et reprit la route. Peu de temps après, il chevauchait parmi les grands canyons. Soudain, une voix joyeuse l’interpella :
« Shtamingo, eh, Shtamingo ! »
« Tiens, tiens, mais ma parole c’est ….Mais oui, c’est bien ce vieux Tom Wooley ! »
« Comment vas-tu Shtamingo ? Que deviens-tu ? »
« Ma foi, ça va pas si fort que ça ! Et je ne fais pas grand’ chose ! Tel que tu me vois, là, je fonce chez ma vieille grand’mère pour lui emprunter un peu de fric ! Tiens, mais qu’est-ce que ces trente six étoiles ? » s’étonna-t-il, tout à coup, en lorgnant le ciel.
« Trente six étoiles ? Quelles trente six étoiles ? Où ça ? » demanda Tom en levant la tête. Mais il ne tarda pas à les voir, car un foudroyant crochet du droit l’expédia irrémédiablement dans le royaume des songes ! (sic !)
« Eh bien, maintenant, les vois-tu, Tom ? C’est de celles-là que je te parlais ! » Bien sûr, il savait pertinemment que Tom ne pouvait l’entendre à présent, puisqu’il nageait en plein cirage, mais il adorait ce genre d’humour !
Après avoir ficelé son ex-collègue de régiment aussi soigneusement qu’un saucisson, il l’installa, tel une vieille couverture, sur la croupe de son canasson, et prit la direction du Sheriff’s Office en chantant gaiement : « Fais ta prière Tom Wooley .. Demain, tu vas mourir ! »

Mais que faisait le vagabond mélomane pendant tout ce temps-là ? Le pauvre vieux traversait une sacrée crise de neurasthénie aigüe tout simplement ; crise d’ailleurs, peut-être due à un emploi abusif de la dive bouteille ! Qu’en pensez- vous ? N’est ce pas là votre avis ? Moi, je n’en sais fichtrement rien ! Mais, écoutez-le plutôt : « Foutu nom de nom ! Mais qu’est-ce que j’ai fichu toute ma vie ? Rien ! Ce qui s’appelle vraiment rien ! Jamais travaillé, moi ! C’était bon pour les autres, mais pas pour moi !... A 75 berges bien sonnées, il serait p’t’être temps de m’y mettre non ? » Il cracha de dégoût une chique si énergique, qu’elle fit voler en éclats la vitrine d’un magasin, puis s’essuya du revers de sa manche, regarda haineusement le flacon vide qu’il jeta nerveusement par terre et se dirigea résolument vers la mairie… Le maire le reçut très simplement :
« Qu’y-a-t-il mon brave ? Asseyez-vous, je vous en prie !... Voulez-vous un cigare ? Je vous écoute ! »
« Ben, M’sieur le maire » dit le vieillard en tirant sur son cigare, « j’voudrais travailler »
« Pardon ? » s’étonna le maire interloqué, n’en croyant pas ses oreilles !
« Ben oui ! J’me suis dit que puisque le gardien du cimetière vient de mourir et qu’on l’a même enterré, j’pourrais le remplacer puisque la place est vacante ! De toutes façons j’ai élu domicile dans sa bicoque depuis quelques jours et … »
« Ta-ta-ta-ta, mon ami, impossible, nous n’avons besoin que de gens de plus de 18 ans ! »
« Mais..mais j’ai plus de 75 printemps bien, bien sonnés moi ! Enfin, je veux dire que j’ai plus de 70 ans moi ! J’ai même 75 berges bien, bien sonnées.. Alors ? »
« Rien à faire, mon ami, j’ai dit plus de 18 ans et pas plus de 70.. et le règlement, c’est le règlement, y a pas à discuter ! »
« Ah ? » s’étonna le vieil homme.
« Et oui, mon bon, c’est comme ça ; allez, ça ira, à la prochaine ! Et n’oubliez pas de fermer la porte ! »
Résigné, le vagabond malchanceux préféra ne pas insister et se retirer. En effet, pour sûr qu’il avait raison le pauvre

dimanche 28 août 2011

Chapitre 12

Shtamingo, pas plus chanceux question job auprès de Wyatt qu’il ne l’avait été auprès de Trumpett, décida de se rendre au bureau du télégraphiste pour câbler sa vieille grand-mère, habitant Westfield. Celle-ci ne saurait lui refuser un prêt modeste pouvant le dépanner momentanément ! Après avoir quitté le sheriff’s Office, il se dirigeait vers le bureau du télégraphiste, quand, passant devant son hôtel, une scène particulièrement insolite, mais qui ne manquait certes pas de piquant, attira toute son attention. De la fenêtre du premier étage, un joli minois inspecta les alentours. Puis tout le corps suivit. Et quel corps ! La chanteuse du saloon, l’air inquiet, enjamba le rebord de sa fenêtre et se retrouva sur la corniche de l’hôtel-saloon. Visiblement, elle ne portait en tout et pour tout, qu’un super mini-slip, tellement diaphane, qu’on aurait pu croire qu’elle n’en avait point. Elle aussi était quasi-imberbe, comme toutes les mignonnes qu’il avait déjà contemplées ! Etait-ce une mode ? Une épidémie ? Puis se retournant, et de dos à la Main Street, elle se baissa pour ramasser des bas qui étaient tombés sur la corniche. Elle agissait comme si elle n’avait pas vu Shtamingo. Mais ne faisait-elle pas semblant ? Peut-être pas, car il se trouvait juste à pic sous cette corniche ! Décidemment, ce sacré slip, on se demande vraiment pourquoi elle le portait ! Tout en lorgnant la belle enfant, Shtamingo avançait sans s’en rendre compte !... Schtoc ! Son crâne soudain, entra en contact avec …un autre crâne ! Un citadin, qui, victime du même mirage, avançait dans sa direction, était entré en collision avec notre infortuné héros !
« Pardon, excusez-moi » s’empressa-t-il
« Y a pas de mal, y a pas de mal » rétorqua Shtamingo en se frottant une bosse douloureuse qui grandissait à vue d’œil.

Chapitre11

… Tout en cavalant, Shtamingo se débarrassa de la corde, qui commençait à lui peser ! Son premier but était de rejoindre Jeep City et de rendre visite à Wyatt, afin de voir s’il y avait un moyen, ce coup-ci, de se remplumer.
Un violent vent de sable, pire que le pire des simouns, se leva. Shtamingo fut ainsi contraint de se protéger le visage en le nouant à la façon des bandits de grand chemin. Du brouillard sablonneux, surgit soudain une diligence et le cocher, apercevant Shtamingo, leva les bras en l’air.
« Pitié, M’sieur, ne tirez pas ! J’vous refile le magot tout de suite ! »
« Mais j’veux pas de magot ! »
« Si,si, j’insiste, faites moi plaisir, prenez le et laissez nous continuer.. »
« Mais enfin, bon sang ! Puisque j’vous dis que j’en veux pas ! »
Sur ce, le vent découvre le visage de notre ami et le cocher de s’exclamer :
« Mais…vous êtes très sympathique ! C’est la première fois que j’vois un bandit sympa ! Allez, allez, va ! Ne vous faites pas prier… C’est mon droit, à moi, de vouloir être dévalisé par un bandit sympa ! J’en ai marre d’avoir toujours affaire à des gueules patibulaires moi ! Tenez, prenez ce coffre… » Et il le jette à Shtamingo, qui l’attrape et le renvoie au cocher.
« Je n’en ferai rien ! »
« Si,si, j’insiste ! »
« Jamais de la vie ! »
Et le coffre fit ainsi plusieurs un va et vient, aller-retour, entre le cocher et Shtamingo. On aurait pu croire qu’ils jouaient au ballon !..
Finalement, excédé, Shtamingo explosa :
« Mais, nom de Dieu ! Foutez-moi la paix à la fin avec votre magot ! J’suis pas un bandit, moi !... J’suis SHTA….MIN…GO, Shtamingo..poor and lonesome cow-boy, and a long way from home… C’est tout ! »
Sur ce, il renvoya le coffre au cocher, salua et poursuivit son chemin..
Au même moment, des despérados mexicanos, qui avaient savamment disposé des coquilles d’œufs sur les rails, attendaient patiemment l’arrivée du train. Celui-ci ne tarda guère. Les coquilles, fracassées, s’empêtrèrent dans les rouages et, les engrenages bloqués, le « cheval de fer » s’arrêta. Sidérés, les mécaniciens tentaient vainement de comprendre pourquoi le train avait stoppé tout seul ! Pendant qu’ils se creusaient désespérément le citron, les despérados jaillissaient tels des diables, à l’intérieur des compartiments, en criant à la ronde :
« Les mains en l’air ! Que personne ne bouge ! Allez, m’sieurs-dames, votre or, vos bijoux, vos montres, vos.. » Mais la stupéfaction les empêcha de continuer. Ils se trouvaient, nez à nez avec des repris de justice en tenues jaunes rayées de noir, que le train en question emmenait au bagne !!
Ironie de la nature, me direz-vous ! Ironie, certes ! Mais la vie est ainsi faite et l’on n’y peut, hélas, rigoureusement rien ! N’est ce pas ??

mardi 26 juillet 2011

Chapitre 10

N’ayant plus rien à faire à Tombflower , les poches toujours vides, Shtamingo reprit la route, dès sa sortie du Sheriff’s-Office . Il se dit, qu’en attendant, il valait mieux regagner Jeep-City et voir avec Wyatt, s’il y avait moyen de regarnir ses fonds de poches. D’autre part, tout près de la ville se trouvait son Home, son sweet Home. Il n’en était plus guère éloigné que de quelques miles, quand il se vit soudain encerclé par Wild Bill Peackok et sa bande.
--« Alors, Shtamingo ? Comme on se retrouve, hein ? Le Monde est petit, pas vrai ? » lui lança à brûle-pourpoint le terrible Wild Bill Peackok. Puis, se tournant vers ses hommes, il leur ordonna :
--Voyez cette belle branche ? Elle conviendra parfaitement à notre ami Shtamingo, à qui nous devons tous le plaisir d’avoir agréablement apprécié la douceur des prisons de San-Muchacho ; allez vas , nous ne devons pas être des ingrats ! Nous devons bien au contraire le remercier !...Eh bien , qu’attendez-vous ? Préparez la corde et que ça saute ! »
--« La corde peut pas sauter, chef, c’est pas d’la dynamite ! »
--« Ferme- la , Andouille ! »
--« Oui, chef ! »

Shtamingo, voyant et entendant tout cela, s’exclama :
--« Caramba ! Ah non, pardon, c’est du mexicain ça !...Goddam ! »
--« Au lieu de faire de l’esprit, Môssieur Shtamingo, tu f’rais bien de dire une prière ! T’as un dernier souhait à formuler ? »
--« Oh, ben ouiche, alors !J’voudrais bien fumer le p’tit peu de tabac qui me reste avant de clamser ! »
--« Accordé d’avance ! »
--« Promis ? »
--« Promis ! »
--« Juré ? »
--« Juré ! »
--« Sur la Bible ? »
--« Sur la Bible ! »
Et comme Shtamingo était déjà prêt à être pendu, les mains liées derrière le dos , le nœud coulant passé autour du cou et son auguste popotin reposant sur la selle de son canasson ; comme d’autre part, Wild Bill Peackok était très pressé d’en finir, il demanda gentiment à Shtamingo où se trouvait son tabac.
--« Dans ma bicoque, sur ma table ! » répondit le condamné à mort. Alors, magnanime, Wild Bill Peackok enjoignit à l’un de ses gus d’aller chercher ce fameux « p’tit peu de tabac ». Tout le monde attendit avec impatience son retour ; même Shtamingo qui souriait angéliquement.
--« Il va crever et il est heureux ! » s’étonna Peackok. Mais il ne tarda pas à comprendre pourquoi. Le gus en question revenait, un très volumineux paquet soigneusement attaché sur la croupe de son fidèle coursier.
--« Qu’êqu’êqu’ça ? » tonna-t-il.
--« Euh…Ben…c’est l’p’tit peu de tabac , chef ! »
Les autres éclatèrent tous de rire.
--« SILENCE ! » clama encore Peackok furibond. Et le silence fût soudain , comme par enchantement.
--« Oui, chef. »
Le visage cramoisi de colère, les mâchoires serrées, Peackok tourna d’abord au rouge, puis au bleu, violet, indigo, jaune, vert, etc…. Bref, il ressemblait étonnamment à l’arc-en-ciel. Et soudain, il s’affaissa. Ses hommes se précipitèrent pour le soutenir et lui venir en aide :
--« ça va pas, chef ? qu’est-ce que vous avez ,chef ? Faut appeler le docteur ? »
Mais hélas, non, le « doctor » ne pouvait plus servir à rien à présent.
Est-il utile de dire que Shtamingo était loin déjà et qu’il n’avait pas attendu qu’on l’invite à déguerpir ; qu’il avait profité de la pagaille et du désarroi, emportant avec lui la corde qui devait l’emporter dans un monde meilleur ?...En quelque sorte….il avait la corde au cou !!!

vendredi 22 juillet 2011

Chapitre 9


Un quart- d’heure environ après avoir rencontré le vieux Mathew Mac Horse , Shtamingo se rendit compte qu’il ne possédait plus un seul radis en poche , voulant s’acheter quelques menues friandises , des sucettes tout particulièrement. Il raffolait, radicalement, des sucettes ! C’était un fait indiscutable ! Il décida alors de se rendre au Sheriff’s-Office, afin de voir si le sheriff Trumpett n’aurait pas une ou deux têtes sous la main, dont le prix lui permettrait de renflouer sérieusement ses économies. Bientôt , il pénétrait au bureau de Trumpett :

--« Bonjour Sheriff ! comment vont les affaires ? »
--« Très bien , très très bien, Monsieur .. ?
--« Shtamingo ! »
--Eh bien, Monsieur Shtamingo, ça va on ne peut mieux ! c’est le calme plat…..le calme le plus plat, le plus absolu……le plus total……Ah !....Si ça pouvait être toujours comme ça !......si ça pouvait seulement durer !!!..
--« Ah ?! »
--Ma foi, oui ! Rien…..Rien de rien…. Mais alors ce qui s’appelle vraiment rien ! »
--« Ah, ah ? »
--« Pourquoi, m’sieur Shtamingo ? On dirait que cela vous ennuie !!! Que puis-je faire pour vous être agréable ? »
--« Ma foi ! une ou deux têtes bien cotées auraient bien fait mon affaire !!! J’ai besoin de me remplumer, moi !!!Je suis à sec !!! Complètement fauché ! Encore plus fauché que les blés, tiens !....si vous voyez ce que je veux dire !... »
--« Hélas, mon pauvre Monsieur , comme je vous l’ai déjà dit, c’est le calme le plus plat….la morte saison, quoi ! Ah, je n’dis pas ; vous seriez venu il y a une semaine……j’aurais pu vous dépanner, mais à présent !!!.....dire qu’Old-Face the Kid est passé par là il y a tout juste sept jours…..ç ‘aurait été un véritable plaisir de vous rendre service , mais que diable puis-je faire, puisque je n’ai plus rien en ce moment ?..... »
Pendant toute la discussion entre Shtamingo et Trumpett , le vieux Mathew , le chapeau rabattu sur les yeux , les pieds sur la table de son bureau, un mégot incandescent aux lèvres , ronflait comme un soufflet de forge, la bouche ouverte. Des mouches, qui s’ y trouvaient certainement très bien , avaient résolu d’y élire domicile . Le mégot diminuait à vue d’œil , se consumait à une allure prodigieuse , et son bout rougeoyant se rapprochait dangereusement de la lèvre inférieure de Mathew, aussi pendante que si elle était de plomb ! ( est-ce vraiment utile de préciser que le mégot était collé à la lèvre inférieure de Mathew ? Si vous estimez que oui, écrivez-moi ; alors je le préciserai !). Soudain, un cri horrible , ressemblant à s’y méprendre à un cri de détresse, que dis-je à un cri d’agonie, résonna dans la quiétude et la torpeur du Scheriff’s-Office, glaçant ses occupants et les transperçant jusqu’à la moelle des os ( comme s’il pouvait y avoir une autre espèce de moelle que celle-là !). Le village entier l’avait entendu et s’était arrêté de respirer ! Le vieux Mathew venait de se brûler atrocement la lèvre, que vous connaissez ( comme vous l’avez certainement déjà deviné de vous-mêmes, à moins d’être complètement gâteux !), et s’était affalé par terre sous l’effet de la douleur ( et du réveil brutal, bien-sûr !), où , se contorsionnant comme un ver de terre, il gémissait à fendre l’âme !......

jeudi 21 juillet 2011

Chapitre 8

Peu de temps après, disons une demi-heure environ (pour ceux qui aiment les précisions mathématiques), Shtamingo, en cheminant tranquillement, la tête entourée de son foulard de cow-boy destiné à protéger sa dent malade, crois ale vieux Mathew Mac Horse (d’origine écossaise, comme on peut s’en rendre compte). Celui-ci avait la mine triste et les joues blêmes. Il n’était plus que l’ombre de lui-même.
« Que se passe-t-il, mon brave ? » l’apostropha Shtamingo, piqué par la curiosité.
« Ben, ma foi, aussi vrai que je suis Mathew Mac Horse, il m’arrive un grand malheur ! »
« Si grand que ça ?! »
« J’pense ben, ma jument Dolly est morte ce matin ! »
« De quoi donc ? »
« Ben j’suis vieux, j’a pas beaucoup de ronds, j’a pas toujours à bouffer, alors j’m’suis dit qu’y fallait faire des économies ! »
« Ah ? Ah ? »
« Ben oui, j’a essayé d’habituer Dolly à plus manger, et …elle y était déjà presqu’arrivée..Elle s’y faisait très bien.. Ah ça ! pour ça ! ben vrai M’sieur, qu’elle en avait déjà pris l’habitude ! Et v’là t-y pas qu’elle me fait le coup de mourir ! Quelle misère, M’sieur, quelle pitié !! Pour sûr, c’est un grand malheur ! Qui qu’c’est qui va me faire tout le boulot maintenant, hein ? Dites-moi, qui qu’c’est, Hein ?? »
« Ben vous ! Tiens ! »
« Moi ??Vous v’lez rire ? Avec mes rhumatismes et mes vieux os ? Allez ! Salut farceur ! A la prochaine ! »
« Ben, qu’est ce que vous allez faire alors ? »
« Ben pardi ! M’engager comme adjoint du sheriff Trumpett, quelle question ! Saviez pas qu’c’est une planque de tout repos, non ? »
Et il s’éloigna nonchalamment, laissant Shtamingo pétrifié de stupéfaction.

Au même moment, à Jeep City, le sheriff Wyatt Earl s’en retournait chez lui pour y chercher une affiche « WANTED » qui venait de lui parvenir et qu’il avait oubliée dans sa chambre, quand il se trouva face à face avec une dizaine de gaillards, sur les intentions desquels il était impossible de se méprendre, vues leurs mines patibulaires et le colt qu’ils tenaient en main .
L’un d’eux apostropha le représentant de la loi :
« Alors, sheriff, on se sent bien seul sans le grand Shtamingo, hein ? On peut plus se permettre de faire le malin, pas vrai ? Allez, vas-y, montre-nous que t’es le dur des durs ! » .Et tous de rire sarcastiquement à qui mieux- mieux . Alors, Wyatt rassembla tout son courage et, par la même occasion , tout l’air qu’il pouvait emmagasiner .Il inspira un grand coup (ce que les brigands prirent pour une manifestation de peur) et le grand coffre , qui lui servait de cage thoracique se souleva, se bomba et se gonfla jusqu’à craquer. Les bandits n’arrêtaient pas de rire. Et brusquement Wyatt expira, d’un seul coup, dans un grand souffle( à vous couper le votre !(sic !)) tout le contenu de son énorme thorax. Les hors-la-loi , sidérés ,virent leur pétoires s’envoler comme fétus de paille, emportés par un cyclone , doublé d’ un typhon, voire même d’un ouragan, digne des plus grandes tornades de tous les temps ! Pris de panique, ils firent aussitôt demi-tour et prirent la poudre d’escampette , fuyant, comme s’ils avaient le Diable au trousses, l’implacable trombe qui s’acharnait sur eux .Emportés comme grains de sable par ce tourbillon impitoyable, les fripouilles s’éparpillèrent aux quatre points cardinaux ( Nord –Sud-Est-Ouest, pour ceux qui adorent les points sur les i . Au fait, l’Ouest dans l’Ouest, c’est le fin du fin !!! N’êtes-vous pas de mon avis ?) . Jamais, au grand jamais, de mémoire d’homme, on n’avait vu une telle débandade !!!

jeudi 7 juillet 2011

Chapitre 7

..
Ce matin-là, Shtamingo prenait tranquillement son petit déjeuner au saloon de son hôtel, quand y pénétra un fermier, portant sur sa tête une volumineuse caisse remplie d’œufs à ras-bords. Shtamingo, qui ne faisait point attention à lui, allongea, en les croisant, ses longues jambes, pour être plus à l’aise. Juste à ce moment-là, le livreur passait tout près de lui et ce croc- en- jambes involontaire provoqua sa chute, ainsi que celle des œufs ! Une gigantesque omelette se forma aussitôt sur le plancher. Voulant réparer sa gaffe, Shtamingo se porta au secours du malheureux pour l’aider à se relever. Mais, ne prenant pas garde où il posait les pieds, il pataugea dans l’omelette, glissa, et s’affala sur le pauvre fermier qui tentait de se relever, et obtint ainsi exactement le contraire de ce qu’il désirait. La tête du malheureux livreur plongea brusquement dans l’omelette. Lorsqu’il réussit à s’en dépêtrer, il grommela :
« Mes œufs ! Mes pauvres œufs.. Qui va les payer maintenant ? Y a pas à dire, y en a qui n’ont jamais de veine ! Mais qu’est ce que j’ai fait au Bon Dieu, moi ? »
Et il quitta les lieux sans autre forme de procès et sans plus tarder.
Shtamingo le regarda partir et s’étonna :
« On lui offre un shampoing aux œufs nature et il râle ! Dire qu’il y en a qui ont tout pour être heureux et qui ne sont jamais contents ! »

Quelques instants plus tard, en sortant du saloon, Shtamingo aperçut un spectacle insolite mais fort amusant : Le pasteur sortait de la petite église, ayant sans doute à effectuer quelques achats au Général-Store, car il tenait un couffin et marchait d’un pas alerte et décidé. Quand soudain, il aperçut les jolies entraîneuses du saloon se diriger vers l’hôtel. Sa pudeur lui intima l’ordre de fermer les yeux, ce qu’il fit sans hésitation et …rencontra sur sa route, un poteau télégraphique ! « Aïe, aïe, aïe ! » s’exclama Shtamingo en s’empêchant de pouffer de rire. Quant au saint homme, il ne put retenir un sacré juron, mais se reprit aussitôt en se signant…

Peu de temps après, 5 minutes environ après que le pasteur se soit distingué, Shtamingo réalisa que la canicule était particulièrement coriace ce jour-là ! Un temps très lourd rendait l’atmosphère irrespirable. Un super sirocco soufflait sur la région et semblait vouloir s’incruster. Voulant plutôt de la fraîcheur, Shtamingo décida de regagner sa chambre d’ hôtel, sans plus tarder, et de s’y mettre à l’aise, afin de pouvoir mieux jouir de sa sieste. Une fois dans sa chambre, il ferma la porte à double tour, ouvrit toute grande la fenêtre, s’assit sur son lit et se déshabilla lentement, mais sûrement. Puis, nu comme un ver, il s’étendit sur sa couche et s’endormit, soupirant enfin d’aise ! Mais son sommeil fût très agité. Il se tournait et se retournait sans cesse, dans tous les sens, ne parvenant pas à trouver une position qui le satisfasse : tantôt sur le dos, tantôt sur le ventre ; tantôt à gauche et tantôt à droite ; tantôt sur un côté et tantôt sur l’autre ! A un moment même, il prit une position fort curieuse pour un homme : celle d’un chat, tapi devant le trou d’une souris et guettant sa proie, le derrière en l’air !.. La nuit tomba bien vite et s’écoula encore plus vite. Le jour nouveau irradia la chambre de Shtamingo de rayons de soleil tous frais (si on peut dire). Shtamingo ne rêvait plus et ses cauchemars semblaient l’avoir quitté. Tout à coup, la poignée de la porte tourna doucement, presqu’aussitôt accompagnée de coups frappés à la porte, mais la porte ne s’ouvrit pas et résista farouchement. Les coups alors redoublèrent et résonnèrent comme des gongs dans le crâne endolori du pauvre Shtamingo. Il entrouvrit péniblement les yeux et souleva, au prix d’efforts inhumains des paupières qui semblaient peser des tonnes. Il eut l’impression très nette que l’on essayait de forcer sa porte.
« Voilà, voilà, minute.. » cria-t-il ( ou plutôt pensa-t-il crier), mais en fait , ce qui pour lui était un cri, pour les autres ne sauraient être pour les autres qu’un faible gémissement ! Il se redressa alors, quitta son lit si bon et si douillet pour aller ouvrir. Il tourna la clé et ouvrit la porte toute grande. Un cri strident ( un vrai, celui-là) retentit alors dans tout l’hôtel. La femme d’étage, qui venait lui apporter son petit déjeuner, le voyant dans son plus simple appareil, avait lâché son plateau de saisissement et avait dévalé les escaliers 4 à 4. Devant la porte béante, sidéré, Shtamingo regardant tantôt son petit déjeuner fichu, tantôt les escaliers, s’exclamait : « Mais enfin.. quelle mouche l’a piquée ? On dirait qu’elle ne m’a jamais vu ! Et puis.. le petit déjeuner en fin d’après midi !! C’est bizarre ! »

mardi 5 juillet 2011

Chapitre 6

En arrivant à Tombflower, Shtamingo se rendit aussitôt chez le dentiste. Une folle rage de dents le tenaillait et ne lui laissait aucun répit. Peut-être est-ce l’averse subite de tantôt qui la lui avait généreusement octroyée ? Quoiqu’il en soit, il tenait à s’en débarrasser au plus vite !
« Asseyez-vous, mon ami » lui dit le dentiste. « Ouvrez la bouche »
Shtamingo s’exécuta. Alors le praticien saisit de grosses pinces et, inspectant soigneusement l’orifice buccal de son patient, y introduisit son instrument de torture, renferma d’un geste décidé les mâchoires de ses pinces autour d’une dent, et tira énergiquement. Shtamingo se rendit compte que le docteur ne s’en prenait pas à la bonne dent et voulut le lui dire, mais la douleur et cette pince l’en empêchaient : « Hummmmm.. Ah,â,â,â.. » gémissait-il lamentablement. Le dentiste, habitué aux cris de toutes sortes, pensait que ce n’était du qu’à la douleur, et voulant abréger les souffrances de son patient, tirait de toutes ses forces. « Euréka ! » s’écria-t-il enfin en brandissant victorieusement le fruit d’une longue et dure bataille. N’ayant que déjà trop souffert et ne voulant pour rien au monde regoûter aux affres d’une telle Odyssée, Shtamingo préféra se taire et garder la dent, qui faisait de lui un martyr, digne de ceux des premiers temps de la Chrétienté.
« Ca fait combien, Doc ? »
« 2 dollars et demi, mon ami ! »
Et quittant le cabinet dentaire, gémissant à fendre l’âme, l’infortuné Shtamingo s’exclamait : « Zut alors ! Maintenant, non seulement on vous arrache de bonnes dents, saines et solides sans vous demander votre avis, mais encore, par dessus le marché, vous devez casquer 2 dollars et demi ! Pour la peine ! Hem.. la peine ! Ah oui, parlons en de la peine !! Pas celle du dentiste en tout cas !.. 2 dollars et demi…DEUX DOLLARS ET DEMI !! » marmonnait-il tout en s’éloignant.

lundi 4 juillet 2011

Chapitre 5

CHAPITRE 5

A la gare de Jeep City, une demi-heure plus tard, le sheriff Wyatt Earl et Shtamingo attendaient le train, qui devait amener le redoutable Bob Sunbeam. Celui-ci avait juré d’avoir la peau de Shtamingo, parce qu’il avait été coffré par suite des innombrables gaffes de notre ami. Il s’était même donné la peine de télégraphier au sheriff Earl qu’il arrivait par le train de 11 h 57 ( à ne pas confondre avec celui de Agatha Christie, qui lui était celui de 16 h et ..quelques petites khémias !), et que Shtamingo n’avait qu’à bien se tenir ! Le sheriff en avisa aussitôt Shtamingo et tous 2 décidèrent d’aller accueillir Bob Sunbeam à la gare..
Sur le quai quasi désert, à part eux, seul un chat déambulait en miaulant d’ennui. Soudain, le sifflet se fit entendre, et bientôt le train entrait en gare et s’arrêtait. Les gens se hâtèrent d’en sortir et de s’en aller. Bob sortit bon dernier. Près de lui, 2 femmes d’un âge incertain et d’allure très puritaine, papotaient, tenant et brandissant leur parapluie. Bob souriait narquoisement en regardant le sheriff et Shtamingo… Ceux-ci se tenaient sur leur garde, prêts à dégainer. Soudain, prompt comme la foudre, Bob dégaina. Mais hélas ! la Nature faisant parfois le bonheur des uns et le malheur des autres, voulut qu’au même moment, une des mémères lève son bras ! Et le parapluie envoya dinguer le colt de Bob aux cent mille diables. Or le sheriff et Shtamingo avaient tiré dans le même laps de temps. Shtamingo, cette fois –ci, ne pouvait vraiment pas faire autrement. Ses 2 revolvers et celui du sheriff Earl, transformèrent Bob en passoire, voire même en écumoire ! Le redoutable Bob Sunbeam, très surpris, et déjà mort, s’écroula aux pieds des 2 dames patronnesses, qui, voyant n peu de sang sur leurs chaussures, ne purent s’empêcher de pousser des hauts cris d’indignation : « Oh, le cochon ! L’immonde vermine ! Nous faire ça à nous ! Venez ma chère, quittons ces lieux de perdition.. Non, mais vous vous rendez compte ! Quelle audace ! Quel manque d’éducation ! » Et trottinant à petits pas, pincées et dédaigneuses, elles passèrent près de nos 2 héros avec des « hem-hem » des plus méprisants.
Peu après, Shtamingo prenait congé du sheriff Wyatt Earl et quittait Jeep-City pour Tombflower. Alors qu’il galopait, sifflotant une vieille rengaine folklorique, il fut brusquement encerclé par le juge Roy Pumpkin, Doc Work et Old-Face the Kid. Ceux-ci, en riant à gorge déployée, le maitrisèrent avec leurs lassos, puis l’attachèrent à terre. Le soleil était au zénith et brûlait plus que jamais. « Tu ne tarderas pas à devenir aveugle, mon gars ! Ca t’apprendra à jouer les durs » lui dit Roy Pumpkin. Tous éclatèrent de rire de plus belle, se remirent à cheval et partirent au grand galop. Mais la Nature est souvent capricieuse et un très gros nuage gris vint presqu’aussitôt crever au dessus de Shtamingo. Les cordes, fort pourries, et la pluie aidant, cédèrent. Et bientôt, Shtamingo, galopant à bride abattue, rejoignit les bandits.
« Ta sueur t’a complètement transpercé, Shtamingo, on dirait que tu as pris une douche ! » lui lança Doc Work.
« Regarde ce beau canyon ! » lui proposa Old- Face the Kid ; et tous de rire comme des pendus.
« Bah ! J’ai perdu la vue, mon bien le plus précieux ! Suivez-moi, je vais vous montrer où j’ai planqué mon or ! » leur répondit Shtamingo.
Les fripouilles ne se le firent pas dire 2 fois. Et ils arrivèrent à une vieille masure que Shtamingo connaissait bien.
« C’est là ! » dit Shtamingo.
« Après tout, c’est un bon gars ! » conclut le juge Pumpkin en s’esclaffant. Et sur ce, ils pénétrèrent dans la bicoque. Le plancher, vermoulu et mangé par les termites, s’effondra, et ils disparurent dans une béante fosse à purin ; de fumier humain, qui plus est ! Shtamingo délia lestement une corde et une grosse dalle de marbre, en s’effondrant avec un bruit infernal, boucha hermétiquement l’orifice.
« Ainsi périsse dans de puants crottins, quiconque ose se trouver en travers de mon chemin. » déclara sentencieusement Shtamingo en souriant ironiquement.

mercredi 29 juin 2011

Chapitre 4

CHAPITRE 4
Ce jour-là, à vrai dire, une semaine exactement après les derniers événements, les frères Wanton, Bob, Bill, Grat et Emmett, décidèrent de dévaliser la banque de Mills- ville, en plein jour, à midi tapant, pour être le plus précis que possible. Aussitôt, aussitôt fait. Ils passèrent à l’attaque. Evidemment, ils ne pouvaient prévoir que Shtamingo serait à le banque à cet instant précis. Hélas, la vie est remplie d’imprévus et … d’impondérables ! Les frères brandirent leurs armesen criant à la ronde : « les mains en l’air, par ici la monnaie ! ». Mais personne ne les entendit, ni ne les remarqua. On était trop occupé ! Shtamingo déposait ses économies en lieu sûr..hum ! oui, enfin, presque ! Les frères s’impatientèrent et réitérèrent leurs injonctions. Pas davantage de résultats ! Alors ils tirèrent quelques salves de sommation en l’air…Rien ! Finalement, les opérations terminées, Shtamingo quitta la banque en écartant les hors-la-loi, sans tenir compte de leurs revolvers, et en s’excusant. Les employés fermèrent les coffres et tiroirs, et quittèrent l’établissement par la sortie réservée au personnel. Et les Wanton se retrouvèrent seuls. Vexés, on ne peut davantage, les frères se mirent à faire un raffut de tous les diables, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention des citadins, et en particulier de Shtamingo, qui, voyant le sheriff scruter la banque d’un air perplexe, lui dit : « Je crois que 4 messieurs ont été enfermés là-dedans ». Faisant passer son devoir avant tout, le sheriff alla illico voir de quoi il retournait. Quand il pénétra dans la banque, il découvrit 4 cadavres. Les brigands s’étaient visiblement entretués. « Peut-être se sont-ils reprochés mutuellement d’avoir fait rater l’opération ? » se demanda-t-il !
Quelques heures plus tard, Shtamingo, qui, dans sa chambre d’hôtel, se déshabillait et tentait péniblement de retirer ses bottes, provoqua l’écroulement de son lit. Déjà très fatigué alors qu’il regagnait sa chambre, plus abasourdi encore par ce choc inattendu, Shtamingo se faisait les réflexions suivantes : « les Wanton ! Les Wanton ! Ca alors ! Les Wanton ! C’étaient les Wanton ! Tous morts ! Dire que je les cherche depuis des mois ! Je ne les ai même pas reconnus ! Les Wanton ! Ca alors ! Ah ça alors !!
C’était dimanche matin : tous les fidèles assistaient à la messe. Parmi eux, on pouvait remarquer le célèbre détective Nat Blackerton et …notre ami Shtamingo. Celui-ci avait même décidé de communier et le fit quand vint son tour. Puis regagna sa place, sage et pieusement recueilli comme une brebis de Dieu. Le hasard avait voulu qu’il se trouva assis près du célèbre détective. Shtamingo l’avait reconnu, mais n’osait pas l’aborder. Il le fit cependant, car la tentation était trop forte : « Pardon monsieur, mais ne seriez vous pas le célèbre Nat Blackerton, par hasard ? »
« Si fait, si fait » répliqua Nat, en se lissant la moustache.
« Je me disais bien.. Mais quel bon vent vous amène chez nous ? »
« Je dois retrouver les frères Games et les arrêter »
« Les frères Games ? Mais alors, vous ne savez pas qu’ils sont morts ? »
« Morts ? Comment ça, morts ? Quand ça ? »
« Oh depuis une semaine au moins : ils ont reçu un gros pot de fleurs sur la tête. »
« Les pauvres vieux ! Quelle mort horrible ! Ils ne méritaient quand même pas ça ! »
« C’est la volonté du Tout Puissant »
« Eh oui ! »
« On n’y peut rien ! »
« Eh non ! Mais de toute manière, cela m’arrange mieux ainsi, ma tâche est donc achevée ! Quant à l’administration, elle me paiera mon salaire tout de même ! »
« Ah bon ? et bien, tant mieux alors »
Les fidèles quittaient l’église. Tout le monde s’était déjà éclipsé, sauf Shtamingo qui, encore planté comme un poteau télégraphique devant le temple du Seigneur, réfléchissait : « l’administration ! Décidemment, je n’y comprendrai jamais rien ! Je n’y ai jamais rien compris d’ailleurs !.. Je me demande même si les administrés y comprennent quelque chose ! ..Bah ! certainement que les administrateurs eux-même n’y comprennent pas grand chose ! »