mardi 6 décembre 2011

Chapitre 15

Installé au comptoir du saloon, Shtamingo sirotait rêveusement son whisky.Peut-être pensait-il encore à la petite « marquise » apprivoisée ? Soudain, les portillons grincèrent et des éperons cliquetèrent, tirant Shtamingo de ses douces « rêveries d’un cow-boy solitaire » (Bizarre ! mais ces derniers mots me rappellent obnibuleusement et nébuleusement quelque chose !...à vous, non ?). Un colosse de fermier, sentant le mouton à cent lieues à la ronde, s’accouda au comptoir et commanda :
« Un verre de lait, siouplaît »
Un dur de durs se mit à rire de bon cœur.. et s’affala de tout son long sur le plancher, foudroyé par un magistral uppercut. Il n’eut guère le temps de comprendre ce qui lui arrivait ! Un autre outlaw qui était en train de se marrer comme un demeuré, s’arrêta net, craignant le pire ! Dans son coin, Shtamingo souriait narquoisement. S’approchant du géant, il lui déclara tout de go :
« Tu pues le mouton, mec ! »
« Pourquoi ? Ca te dérange ? »
« Moi, au contraire !! J’adore ça : ça me change agréablement des vaches ! J’en ai ras le bol des vaches, moi » Et sur ce, il quitta le saloon, laissant le mastodonte pachydermique maximumement éberlué !

Shtamingo était sur le point de se coucher. Voulant allumer sa dernière cigarette de la journée, il s’aperçut soudain, qu’il n’avait plus de feu. Il n’eut pas l’idée de se servir de la lampe à pétrole et décida d’aller en demander à son voisin de palier. Toc !Toc !Toc !
« Il y a quelqu’un ? »
« Ouais bien sûr, y a personne ! »
« Hein, quoi ? Vous vous foutez de moi, oui ? »
« Non pas du tout ! Je m’appelle Personne, c’est mon nom »
« Ah bon ! Je peux entrer ? »
« Mais bien sûr, voyons ! Tout le monde est bienvenu chez Personne ! »

Le lendemain, tandis que Personne sortait de l’hôtel, il aperçut Shtamingo, assis sur les marches, la tête dans les mains. Shtamingo, à le voir, semblait très morose. Personne l’apostropha :
« Que diable Shtamingo, pourquoi cet air triste ? Le soleil brille pour tout le monde ! Quelque chose qui ne tourne pas rond ? »
« C’est ce maudit fric ! Les 5000 $ de Tom Wooley…envolés ! Pour arriver, il en met du temps, mais pour s’envoler !! Pfuitt.. C’est une autre histoire ! »
« Allez ! Cessez de vous ronger les sangs, ça s’arrangera, vous verrez ! Et puis, c’est très mauvais pour la santé de se laisser aller comme ça, à gamberger tout l’temps ! »
« Vos désordres sont des sirs, Sir ! .. euh, pardon.. Je voulais dire :vos désirs sont des ordres, Sir »
« Pas Sir, Mister ! Depuis l’indépendance, nous ne disons plus « Sir » V’zêtes pas au courant ? »
« C’est vrai, vous avez raison, Sir.. euh, pardon ! Mister »
« Sans compter que vous pouvez mourir d’une embolie, d’une tumeur au cerveau, d’une congestion cérébrale.. »
« Ben ça ! Ca me rendrait plutôt service ! Plus besoin de fric, plus besoin de place, plus de problème, quoi ! »
« Ca, pour sûr ! »
« Bien sûr, que c’est sûr ! Quand on est mort.. on est mort ! Un point, c’est tout ! Aïe ! et non, merde, c’est pas tout ! »
« Hein ? Comment ça ? Que voulez vous dire ? »
« Même mort, on me trouvera une place ! »
« Quoi ? » s’exclama Personne, perplexe, n’en croyant pas ses oreilles !
« Ben tiens ! C’est évident.. Ma p’tite place au cimetière, pardi ! Sans parler de celle qu’on me fera au Paradis ! »
« Ah oui ! Et si vous alliez en enfer ? »
« Bah, sait-on jamais ?.. De toute façon, ça m’fera 2 places en étant mort ! Tandis que vivant, je suis chômeur ! »
Et saluant Personne, après s’être péniblement levé, il s’éloigna vers le centre ville, laissant le pauvre Mister Nobody, cloué sur place, sidéré…

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